Mais la situation militaire française se
dégrade. Les IIIe et IVe armées
françaises sont battues par les troupes
allemandes à Arlon et à Neufchateau :
le centre droit du dispositif français est
obligé de reculer, de même que l'aile
gauche - Ve armée ( général
Lanrezac ) et le corps expéditionnaire
anglais ( général French ) - doit se
replier sur la ligne Arras-Verdun sous la pression
des armées de Kluck et Bulow. Ainsi, la
manoeuvre allemande de débordement par le
nord est en passe de réussir : le nord de la
France est envahi. Après avoir limogé
les généraux jugés
incompétents, le Généralissime
Joffre décide alors de replier toutes ses
troupes et d'établir une ligne de
défense entre Paris et Verdun, c'est
à dire sur la Marne.
Le 1er septembre, le 20e Dragons quitte la
Lorraine pour rejoindre Epernay en train. Le 3, le
régiment occupe Montmirail et le lendemain,
il est chargé de couvrir le rassemblement de
la 10e DC qui a la lourde tâche de couvrir la
retraite des troupes françaises en retardant
la progression allemande.
Au matin du 5 septembre, le 20e Dragons doit
défendre, à pied, le village de
Choisy en Brie avec l'appui d'une section de
mitrailleuse du 11e Dragons. Après avoir
organisé la défense du village, le
régiment envoie des patrouilles dans les
environs. L'une d'elles, commandées par le
MdL Simon ( 4e esc ) est sévèrement
accrochée : seul le cavalier Lascaux, avec
son cheval blessé, parvient à
rejoindre le régiment et l'avertir que
l'ennemi approche. Dès que les allemands
sont à portée de tir, les Dragons
déclenchent un feu nourri, leur infligeant
de lourdes pertes. Mais l'artillerie allemande
n'est pas en reste : Choisy est sous un
déluge de schrapnells. A 12 heures, le
régiment reçoit l'ordre de
décrocher. L'après midi, le 20e
Dragons, au cours de la retraite, applique la
consigne de faire sauter les ponts après les
avoir franchis afin de ralentir l'avance allemande.
Le 6 au soir, le mouvement de retraite est
terminé : le mot d'ordre est de passer
à la contre attaque. Galieni
réquisitionne les fameux taxis pour emmener
des renforts sur le front. La bataille de la Marne
va commencer.
Le 20e Dragons cantonne à la
Bretonnière et les nouvelles des premiers
succès de l'offensive française
électrisent les cavaliers qui attendent avec
impatience de passer à leur tour à
l'attaque.
Le lendemain, les Dragons ont l'impression que
l'ennemi bat en retraite. Ce sentiment est
confirmé par un aviateur, qui ayant
posé son appareil près du
cantonnement du 20e Dragons, raconte que les
Allemands remontent vers le nord sous la pression
française. Enfin, la 10e DC reçoit
l'ordre de poursuivre l'ennemi. Elle se met
immédiatement en route avec le 20e RD en
avant-garde et franchit l'Aubetin pour entrer
ensuite dans le village de Courtaçon.
Les Dragons découvrent alors les
exactions commises par l'armée allemande en
retraite : scènes de pillages, gamin
fusillé, rues incendiées, hommes et
femmes en larmes... Le soir, la 10e DC arrive sur
les rives du Grand-Morin et le 20e Dragons cantonne
au village de la Chapelle-Véronge. Durant
toute cette journée, les Dragons n'ont pas
eu l'occasion de voir l'ennemi.
Le 8 septembre, la poursuite continue. La 10e DC
franchit le Grand-Morin et arrive au village de
Saint Barthélemy où le même
spectacle de la veille attend les cavaliers.
Là, ils découvrent un charnier et des
objets appartenant au train régimentaire du
3e Cuirassiers. Si les hommes du 3e Cuir ont
été enterrés, l'odeur des
chevaux en décomposition est insoutenable.
Les Dragons ne s'attardent pas sur ce lieu de
désolation.
Le son du canon, français cette fois, se
fait entendre sur Montmirail et sur Marchais. C'est
la Ve armée qui attaque. L'artillerie
allemande tente de répondre. Les combats
sont très violents mais la 10e DC a l'ordre
de ne pas s'y mêler. Elle met pied à
terre sur la rive droite du Petit-Morin, à 2
km de Montmirail.
En début de soirée, les combats
sont toujours aussi intenses et soudain, pendant la
nuit, le silence tombe. L'infanterie de la Ve
armée a enfin réussi à forcer
le passage de Montmirail, sans avoir eu besoin de
la 10e DC et en infligeant des pertes sensibles aux
Allemands.
Le lendemain, la 10e DC a l'ordre de repartir
à l'aube pour s'emparer de Château
Thierry. Après une progression lente et
prudente, la ville est en vue à 16 heures.
Des patrouilles sont envoyées en
reconnaissance et elles signalent une barricade sur
le pont principal de la ville. Par prudence,
l'artillerie de la division envoie quelques obus
sur la ville afin de forcer d'éventuelles
batteries ennemies à répondre et
d'éviter une mauvaise surprise.
C'est au 1er demi-régiment du 20e Dragons
qu'est confiée la mission de reprendre
Château-Thierry. Mais la principale voie
d'accès au village est sous un feu ennemi
nourri. Cela n'empêche pas les Dragons de la
franchir par escouade et à vive allure. Le
1er escadron ( Riondel ) met pied à terre et
prend la gauche de l'objectif mais le capitaine
Riondel est touché à l'épaule.
Le 2e escadron se déploie encore plus
à gauche. Des éclaireurs, avec
à leur tête l'aspirant d'Ussel et le
maréchal des logis Dumont Saint-Priest, sont
les premiers à entrer dans la ville. Le
combat est presque terminé : les
défenseurs allemands - une centaine -
finissent par se rendre aux Dragons. Enfin, un
peloton commandé par le sous-lieutenant
Chambe s'empare de la gare sans coup férir.
La 10e DC toute entière peut ensuite entrer
à son tour dans Château-Thierry, sous
les acclamations de la population.
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Selle d'arme
1914-1918
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Le soir, le 20e Dragons est au bivouac à
Brasles, au bord de la Marne. Mais la zone n'est
pas totalement sûre. Des coups de feux sont
entendus près du château de Brasles :
deux chevaux ont été tués par
des cavaliers allemands isolés.
Pendant la nuit et grâce à l'action
de la 10e DC, les troupes anglaises franchissent la
Marne à Chézy sur Marne et marche sur
l'arrière-garde allemande.
Le 10 septembre, la 10e DC est placée en
réserve derrière les 8e et 4e DC et
protége l'aile gauche de la Ve armée.
Des missions de reconnaissance offensive sont
confiées aux 3e et 4e escadrons du 20e
Dragons pour nettoyer les environs de Verdilly
où des snipers allemands ont
été signalés. Le soir, la 10e
DC est à Oulchy le Château où
elle restera le lendemain.
Le 11 septembre au soir, la 10e DC reçoit
l'ordre de reprendre son mouvement et de se porter
jusqu'à Sissonne. Le 12, le 20e Dragons,
avec l'aide de l'infanterie et de quelques
pièces d'artillerie, doit forcer le passage
de la Vesle à Fismes. Pour cela, il faut
libérer la ville de la présence
allemande et prendre le contrôle de son pont.
Mais avant d'arriver à Fismes, un peloton
d'avant-garde, commandé par le lieutenant
Argueyrolles, charge un groupe de fantassins
allemands et fait plusieurs prisonniers.
Arrivés à Fismes, les Français
rencontrent une résistance acharnée
de la part des troupes allemande, aidées par
de l'artillerie. Le pont de Fismes, point
stratégique, est encore intact, mais il est
sous un feu intense ennemi. De rue en rue, les
fantassins et les Dragons avancent
péniblement. Les canons français
répondent aux canons allemands. Le bruit est
insupportable, des maisons s'écroulent...
Puis, vers 16 heures, les tirs se font plus
sporadiques et cessent : les allemands se replient.
La 10e DC entre enfin dans la ville sous les
acclamations des civils et les troupes
françaises qui ont été
bloquées pendant la journée devant
Fismes commencent sans tarder à poursuivre
l'ennemi.
La nuit venue, le 20e Dragons doit cantonner
à Ventelay mais le peloton d'avant-garde du
lieutenant de l'Hermitte est accueilli par des
coups de feu à l'entrée du village.
Le colonel Gaillard-Bournazel prend la
décision de ne pas insister davantage et le
régiment reste sur la route et sous la pluie
en attendant le petit-jour pour fouiller le
village.
Le lendemain, le 20e Dragons
pénétre avec prudence dans Ventelay
et fait une centaine de prisonniers allemands qui,
se voyant en infériorité
numérique, se livrent sans
résistance. A 15 heures, un message du
général Joffre apprend aux Dragons
que la bataille de la Marne est terminée par
une "incontestable " victoire pour l'Armée
Française.
Cependant, la guerre continue. Craonne, sous
contrôle allié, subit un bombardement
allemand. Le 20e Dragons reçoit l'ordre de
se remettre en route et de franchir l'Aisne. Tout
à coup, une fusillade éclate non loin
de la position du régiment. C'est le 15e
Dragons qui est aux prises avec des
chevau-légers allemands. Ces derniers
défendent un pont sur l'Aisne mais
après quelques coups de feu
échangés, ils prennent la fuite,
laissant le pont intact.
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Le capitaine Riondel
du 1er escadron
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Après avoir passé l'Aisne et
traversé le village de La Ville-aux-Bois,
les 20e et 15e Dragons se dirigent vers Sissonne.
Une brèche de 15 à 20 km entre les
Iere et IIe armées allemandes - qui existe
depuis le début de la bataille de la Marne -
ne s'est toujours pas refermée. Il s'agit
d'en profiter. Entre-temps, La Ville-aux-Bois,
quittée quelques heures plus tôt, est
bombardée par les Allemands. De lourdes
pertes sont à déplorer parmis deux
escadrons de Goumiers marocains. Enfin, vers 17
heures, les deux régiments, suivis de la 10e
DC, arrivent à Sissonne et y passent la
nuit.
Le 14 septembre, le 3e escadron du 20e Dragons
et deux pelotons de chasseurs cyclistes doivent
marcher sur le village de Marchais et l'occuper
pour tenter de contenir des troupes ennemies
signalées en retraite vers le nord. Le
peloton du sous-lieutenant Chambe assure
l'avant-garde du détachement.
A 1200m de Marchais, le capitaine de Langlois
charge le chef des pelotons cyclistes d' y
effectuer une reconnaissance et de commencer
à organiser la défense du village si
aucune troupe ennemie n'y est présente.
Quant au 3e escadron, il reste en couverture,
prêt à intervenir le cas
échéant et envoie le peloton du
sous-lieutenant Chambe en reconnaissance sur la
voie ferrée Reims-Laon où
d'éventuelles troupes allemandes en retraite
sont attendues.
Une fois arrivés à un passage
à niveau, les Dragons du peloton Chambe
mettent pied à terre et se dissimulent dans
les fourrés pour attendre l'ennemi.
Après une longue attente, le brigadier
Vialle signale des cavaliers allemands. En fait,
c'est tout un corps de cavalerie, celui de von
Marwitz, que les Dragons ont sous les yeux.
Le sous-lieutenant Chambe charge alors le
maréchal des logis Roy de porter en toute
urgence ce renseignement au PC de la 10e DC afin
d'obtenir des renforts et des pièces
d'artillerie. Quant à ces cavaliers
allemands qui mettent pied à terre, ils ne
se doutent absolument pas qu'ils sont
épiés par une vingtaine de
Français... Puis, les Allemands se remettent
lentement en marche et sont rejoints par d'autres
éléments de cavalerie. Il semblerait
qu'ils ne soient plus en retraite car ils prennent
la route de Craonne où le son de la
cannonade n'a pas cessé depuis la veille. Et
le temps passe... .
A 13h45, Chambe n'a toujours pas de nouvelles de
son messager. Pressentant un mauvais présage
pour le mdl Roy, Il désigne le brigadier
Viacroze pour effectuer la même mission. Un
peu plus tard, les deux messagers reviennent
ensemble : le 3e escadron doit décrocher car
la 10e DC a reçu l'ordre de se replier de
l'autre côté de l'Aisne. Le 20e
Dragons couvre la retraite et réussit non
sans difficultés à contenir les
troupes allemandes qui tentent de refermer la
brèche derière lui. Le soir, le front
est stable dans la région de
Pontavert-Guignicourt.
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