Historique > 1873-1918


La bataille de la Marne

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Mais la situation militaire française se dégrade. Les IIIe et IVe armées françaises sont battues par les troupes allemandes à Arlon et à Neufchateau : le centre droit du dispositif français est obligé de reculer, de même que l'aile gauche - Ve armée ( général Lanrezac ) et le corps expéditionnaire anglais ( général French ) - doit se replier sur la ligne Arras-Verdun sous la pression des armées de Kluck et Bulow. Ainsi, la manoeuvre allemande de débordement par le nord est en passe de réussir : le nord de la France est envahi. Après avoir limogé les généraux jugés incompétents, le Généralissime Joffre décide alors de replier toutes ses troupes et d'établir une ligne de défense entre Paris et Verdun, c'est à dire sur la Marne.

Le 1er septembre, le 20e Dragons quitte la Lorraine pour rejoindre Epernay en train. Le 3, le régiment occupe Montmirail et le lendemain, il est chargé de couvrir le rassemblement de la 10e DC qui a la lourde tâche de couvrir la retraite des troupes françaises en retardant la progression allemande.

Au matin du 5 septembre, le 20e Dragons doit défendre, à pied, le village de Choisy en Brie avec l'appui d'une section de mitrailleuse du 11e Dragons. Après avoir organisé la défense du village, le régiment envoie des patrouilles dans les environs. L'une d'elles, commandées par le MdL Simon ( 4e esc ) est sévèrement accrochée : seul le cavalier Lascaux, avec son cheval blessé, parvient à rejoindre le régiment et l'avertir que l'ennemi approche. Dès que les allemands sont à portée de tir, les Dragons déclenchent un feu nourri, leur infligeant de lourdes pertes. Mais l'artillerie allemande n'est pas en reste : Choisy est sous un déluge de schrapnells. A 12 heures, le régiment reçoit l'ordre de décrocher. L'après midi, le 20e Dragons, au cours de la retraite, applique la consigne de faire sauter les ponts après les avoir franchis afin de ralentir l'avance allemande.

Le 6 au soir, le mouvement de retraite est terminé : le mot d'ordre est de passer à la contre attaque. Galieni réquisitionne les fameux taxis pour emmener des renforts sur le front. La bataille de la Marne va commencer.

Le 20e Dragons cantonne à la Bretonnière et les nouvelles des premiers succès de l'offensive française électrisent les cavaliers qui attendent avec impatience de passer à leur tour à l'attaque.

Le lendemain, les Dragons ont l'impression que l'ennemi bat en retraite. Ce sentiment est confirmé par un aviateur, qui ayant posé son appareil près du cantonnement du 20e Dragons, raconte que les Allemands remontent vers le nord sous la pression française. Enfin, la 10e DC reçoit l'ordre de poursuivre l'ennemi. Elle se met immédiatement en route avec le 20e RD en avant-garde et franchit l'Aubetin pour entrer ensuite dans le village de Courtaçon.

Les Dragons découvrent alors les exactions commises par l'armée allemande en retraite : scènes de pillages, gamin fusillé, rues incendiées, hommes et femmes en larmes... Le soir, la 10e DC arrive sur les rives du Grand-Morin et le 20e Dragons cantonne au village de la Chapelle-Véronge. Durant toute cette journée, les Dragons n'ont pas eu l'occasion de voir l'ennemi.

Le 8 septembre, la poursuite continue. La 10e DC franchit le Grand-Morin et arrive au village de Saint Barthélemy où le même spectacle de la veille attend les cavaliers. Là, ils découvrent un charnier et des objets appartenant au train régimentaire du 3e Cuirassiers. Si les hommes du 3e Cuir ont été enterrés, l'odeur des chevaux en décomposition est insoutenable. Les Dragons ne s'attardent pas sur ce lieu de désolation.

Le son du canon, français cette fois, se fait entendre sur Montmirail et sur Marchais. C'est la Ve armée qui attaque. L'artillerie allemande tente de répondre. Les combats sont très violents mais la 10e DC a l'ordre de ne pas s'y mêler. Elle met pied à terre sur la rive droite du Petit-Morin, à 2 km de Montmirail.

En début de soirée, les combats sont toujours aussi intenses et soudain, pendant la nuit, le silence tombe. L'infanterie de la Ve armée a enfin réussi à forcer le passage de Montmirail, sans avoir eu besoin de la 10e DC et en infligeant des pertes sensibles aux Allemands.

Le lendemain, la 10e DC a l'ordre de repartir à l'aube pour s'emparer de Château Thierry. Après une progression lente et prudente, la ville est en vue à 16 heures. Des patrouilles sont envoyées en reconnaissance et elles signalent une barricade sur le pont principal de la ville. Par prudence, l'artillerie de la division envoie quelques obus sur la ville afin de forcer d'éventuelles batteries ennemies à répondre et d'éviter une mauvaise surprise.

C'est au 1er demi-régiment du 20e Dragons qu'est confiée la mission de reprendre Château-Thierry. Mais la principale voie d'accès au village est sous un feu ennemi nourri. Cela n'empêche pas les Dragons de la franchir par escouade et à vive allure. Le 1er escadron ( Riondel ) met pied à terre et prend la gauche de l'objectif mais le capitaine Riondel est touché à l'épaule. Le 2e escadron se déploie encore plus à gauche. Des éclaireurs, avec à leur tête l'aspirant d'Ussel et le maréchal des logis Dumont Saint-Priest, sont les premiers à entrer dans la ville. Le combat est presque terminé : les défenseurs allemands - une centaine - finissent par se rendre aux Dragons. Enfin, un peloton commandé par le sous-lieutenant Chambe s'empare de la gare sans coup férir. La 10e DC toute entière peut ensuite entrer à son tour dans Château-Thierry, sous les acclamations de la population.

Selle d'arme 1914-1918

Le soir, le 20e Dragons est au bivouac à Brasles, au bord de la Marne. Mais la zone n'est pas totalement sûre. Des coups de feux sont entendus près du château de Brasles : deux chevaux ont été tués par des cavaliers allemands isolés.

Pendant la nuit et grâce à l'action de la 10e DC, les troupes anglaises franchissent la Marne à Chézy sur Marne et marche sur l'arrière-garde allemande.

Le 10 septembre, la 10e DC est placée en réserve derrière les 8e et 4e DC et protége l'aile gauche de la Ve armée. Des missions de reconnaissance offensive sont confiées aux 3e et 4e escadrons du 20e Dragons pour nettoyer les environs de Verdilly où des snipers allemands ont été signalés. Le soir, la 10e DC est à Oulchy le Château où elle restera le lendemain.

Le 11 septembre au soir, la 10e DC reçoit l'ordre de reprendre son mouvement et de se porter jusqu'à Sissonne. Le 12, le 20e Dragons, avec l'aide de l'infanterie et de quelques pièces d'artillerie, doit forcer le passage de la Vesle à Fismes. Pour cela, il faut libérer la ville de la présence allemande et prendre le contrôle de son pont.

Mais avant d'arriver à Fismes, un peloton d'avant-garde, commandé par le lieutenant Argueyrolles, charge un groupe de fantassins allemands et fait plusieurs prisonniers. Arrivés à Fismes, les Français rencontrent une résistance acharnée de la part des troupes allemande, aidées par de l'artillerie. Le pont de Fismes, point stratégique, est encore intact, mais il est sous un feu intense ennemi. De rue en rue, les fantassins et les Dragons avancent péniblement. Les canons français répondent aux canons allemands. Le bruit est insupportable, des maisons s'écroulent... Puis, vers 16 heures, les tirs se font plus sporadiques et cessent : les allemands se replient.

La 10e DC entre enfin dans la ville sous les acclamations des civils et les troupes françaises qui ont été bloquées pendant la journée devant Fismes commencent sans tarder à poursuivre l'ennemi.

La nuit venue, le 20e Dragons doit cantonner à Ventelay mais le peloton d'avant-garde du lieutenant de l'Hermitte est accueilli par des coups de feu à l'entrée du village. Le colonel Gaillard-Bournazel prend la décision de ne pas insister davantage et le régiment reste sur la route et sous la pluie en attendant le petit-jour pour fouiller le village.

Le lendemain, le 20e Dragons pénétre avec prudence dans Ventelay et fait une centaine de prisonniers allemands qui, se voyant en infériorité numérique, se livrent sans résistance. A 15 heures, un message du général Joffre apprend aux Dragons que la bataille de la Marne est terminée par une "incontestable " victoire pour l'Armée Française.

Cependant, la guerre continue. Craonne, sous contrôle allié, subit un bombardement allemand. Le 20e Dragons reçoit l'ordre de se remettre en route et de franchir l'Aisne. Tout à coup, une fusillade éclate non loin de la position du régiment. C'est le 15e Dragons qui est aux prises avec des chevau-légers allemands. Ces derniers défendent un pont sur l'Aisne mais après quelques coups de feu échangés, ils prennent la fuite, laissant le pont intact.

Le capitaine Riondel du 1er escadron

Après avoir passé l'Aisne et traversé le village de La Ville-aux-Bois, les 20e et 15e Dragons se dirigent vers Sissonne. Une brèche de 15 à 20 km entre les Iere et IIe armées allemandes - qui existe depuis le début de la bataille de la Marne - ne s'est toujours pas refermée. Il s'agit d'en profiter. Entre-temps, La Ville-aux-Bois, quittée quelques heures plus tôt, est bombardée par les Allemands. De lourdes pertes sont à déplorer parmis deux escadrons de Goumiers marocains. Enfin, vers 17 heures, les deux régiments, suivis de la 10e DC, arrivent à Sissonne et y passent la nuit.

Le 14 septembre, le 3e escadron du 20e Dragons et deux pelotons de chasseurs cyclistes doivent marcher sur le village de Marchais et l'occuper pour tenter de contenir des troupes ennemies signalées en retraite vers le nord. Le peloton du sous-lieutenant Chambe assure l'avant-garde du détachement.

A 1200m de Marchais, le capitaine de Langlois charge le chef des pelotons cyclistes d' y effectuer une reconnaissance et de commencer à organiser la défense du village si aucune troupe ennemie n'y est présente. Quant au 3e escadron, il reste en couverture, prêt à intervenir le cas échéant et envoie le peloton du sous-lieutenant Chambe en reconnaissance sur la voie ferrée Reims-Laon où d'éventuelles troupes allemandes en retraite sont attendues.

Une fois arrivés à un passage à niveau, les Dragons du peloton Chambe mettent pied à terre et se dissimulent dans les fourrés pour attendre l'ennemi. Après une longue attente, le brigadier Vialle signale des cavaliers allemands. En fait, c'est tout un corps de cavalerie, celui de von Marwitz, que les Dragons ont sous les yeux.

Le sous-lieutenant Chambe charge alors le maréchal des logis Roy de porter en toute urgence ce renseignement au PC de la 10e DC afin d'obtenir des renforts et des pièces d'artillerie. Quant à ces cavaliers allemands qui mettent pied à terre, ils ne se doutent absolument pas qu'ils sont épiés par une vingtaine de Français... Puis, les Allemands se remettent lentement en marche et sont rejoints par d'autres éléments de cavalerie. Il semblerait qu'ils ne soient plus en retraite car ils prennent la route de Craonne où le son de la cannonade n'a pas cessé depuis la veille. Et le temps passe... .

A 13h45, Chambe n'a toujours pas de nouvelles de son messager. Pressentant un mauvais présage pour le mdl Roy, Il désigne le brigadier Viacroze pour effectuer la même mission. Un peu plus tard, les deux messagers reviennent ensemble : le 3e escadron doit décrocher car la 10e DC a reçu l'ordre de se replier de l'autre côté de l'Aisne. Le 20e Dragons couvre la retraite et réussit non sans difficultés à contenir les troupes allemandes qui tentent de refermer la brèche derière lui. Le soir, le front est stable dans la région de Pontavert-Guignicourt.

 

La mobilisation d'août 1914

La course à la mer