La carte du champ de bataille est
disponible ici.
Récit de monsieur Roger Avignon,
maréchal des logis au 93e GRDI en 1940 et
ancien du 20e Dragons :
Le nom de Ham évoque la prison du prince
Louis Napoléon Bonaparte au fort de Ham de
1840 à 1846, d'où il s'évade
de façon rocambolesque le 26 avril 1846,
déguisé en peintre.
Cette petite ville de la Somme s'illustrera
à nouveau en 1940. Elle a été
le théâtre de violents combats
auxquels a participé le 18e GRDI, l'un de
ces groupements de reconnaissance de division
d'infanterie issus du 20e Dragons.
Le19 mai 1940, à 1 heure du matin, le
détachement Vaudremont quitte Cuy avec
7 chars B 1bis du 15e
BCC. Ces chars sont:
- le Cambodge ( capitaine Vaudremont )
- le Corse ( lieutenant Pagon )
- l'Algérie ( sous-lieutenant
Lauvin )
- le Madagascar ( Lieutenant Dumontier
)
- l'Anjou ( sous-lieutenant Vieux )
- le Nice ( Lieutenant Mathieu )
- le Rennes ( Capitaine Laurent )
Le détachement arrive au petit jour
à Guiscard où se joignent à
lui 5 chars du 8e BCC, sous le commandement du
lieutenant Dupont. Trois de ces chars sont hors
d'état :
- le Héros ( sous-lieutenant
Serpeau )
- le Tromblon ( lieutenant Hugo )
- le Terrrible ( lieutenant Lamoine )
L'Indomptable ( sous lieutenant Bordeaux
) sert de char PC radio au colonel Roche, sa
tourelle n'étant pas en d'état de
tirer et le Corsaire ( lieutenant Rosenwald
), sans tourelleau, fait office de char PC. Le
départ sur Ham est fixé vers 6 heures
et la ville est atteinte 1 heure plus tard.
La 23e DI, alertée le 17 mai, est dans la
Haute Marne, région de Chaumont, où
elle doit aller s'installer sur la coupure
Oise-canal Crozat de Tergnier à Mennessis et
Saint Simon. La 3e divison légère
d'infanterie doit aller en avant et à gauche
de la 23e DI de Saint Simon (exclu) à Ham
(largement inclus).
Fusil
Mitrailleur 24-29 et chargeurs
Le 18e GRDI du commandant Pénicaud,
Groupe de Reconnaissance de la 23e DI doit
éclairer au profit de la 3e DLI, se porter
sur Ham et tenir les passages du canal. Le 17,
après un raid de plus de 220 km, l'escadron
motocycliste du capitaine Pousset et les
mitrailleurs portés du capitaine de la
Quintinie (en tout 150 hommes) arrivent à
Ham vers 20 heures et ne trouvent que le flot des
réfugiés déferlant sans
arrêt par les deux ponts sur le canal. Des
postes sont installés en avant de Ham. Le 18
mai, à 9H30, sur la route de Saint-Quentin,
près d'Aubigny, les patrouilles des
lieutenants Villatte et de Corgnol, signalent
l'approche de l'ennemi et se heurtent à
quelques motocyclistes allemands qui bifurquent
vers l'Est. Un Hotchkiss H 39 du 27e BCC ( sergent
Gobereau ), débouche du pont
mêlé aux voitures des
réfugiés et se met à la
disposition du commandant Pénicaud. Les
interventions du char seront efficaces.
En fin de matinée, les premiers
détachements de liaison du II/141e R.I de la
3e D.L.I arrivent sur les lieux. A 12H30, des
side-cars allemands avancent sur Ham. Le premier
est stoppé aux lisière Nord tenues
par le peloton Boudot-Lamotte, on y relevera deux
cadavres dont celui d'un officier de la 10e Pz.Div.
Une nouvelle tentative ennemie a lieu le soir
même. Les Français se replient
derrière le canal, les ponts sont
barricadés. Le 19 mai, vers 4 heures, une
forte attaque allemande est clouée sur
place. Les cavaliers du 18e GRDI contre-attaquent,
et se livrent à un combat de rues, maison
par maison. Des ennemis qui avaient traversé
le canal peuvent se replier : retranchés
dans une maison, ils se défendent. Le
peloton Sévenet les mets hors de combat : 12
morts et 15 prisonniers de la 10e Pz.Div " en
chemise ", c'est à dire n'ayant sur eux que
la chemise pour franchir le cours d'eau à la
nage, ce qui a quelque peu amusé les
cavaliers. Le lieutenant Sévenet a
été grièvement blessé
au cours de l'action.
Vers 7 heures, le capitaine Vaudremont prend
contact avec le commandant Pénicaud et le
commandant Buyer du II/141e R.I : une incursion au
nord de Ham en direction de Saint-Quentin est
fixée à 8 heures.
Les chars débouchent de la route de
Guiscard, appuyés par un peloton moto du 18e
GRDI et une section du II/141e R.I. Les chars de la
section Dupont gardent le carrefour de Ham. A 8H45,
les cavaliers défont leur barricade, les
chars B passent et tombent 300 m plus loin sur une
autre barricade, agrémentée de
Tellermine, que l'ennemi a construit pendant la
nuit. Elle est détruite par les B à
coups de 75. dans la grand'rue, après un
coude, l'Algérie, suivi du
Corse, se heurte à des blindés
et à des anti-chars, dont des 47.
Très vite, une dizaine d'armes anti-chars
sont détruites, les automitrailleuses
ennemies de tête sont mises hors de combat
par les tirs à bout portant.
L'Algérie détruit un canon de
47 et fait exploser son caisson à munitions.
Le Cambodge, qui suit, nettoie les
fenêtres des maisons d'où partent des
grenades.
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Le maréchal
des logis chef Lucien Ravel en 1937 lors
d'un steeple-chase
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La Somme est franchie, 4 canons de 37 Pak et 1
canon automoteur sont détruits par le
Corse qui s'arrête : son blindage
avant a été frappé par un 77
explosif, ses radiateurs sont crevés et une
de ses poulies est en charpie. L'Anjou le
relaie. Nouveau barrage allemand : le char est
touché à plusieurs reprises
après avoir démoli un canon. Les
cavaliers du 18e GRDI réoccupent le poste
avancé aux lisières Nord de Ham.
Son barbotin troué par un obus, le
Madagascar ne peut avancer que très
lentement, en première, pour regagner les
lignes, de même que le Rennes qui a
des ennuis de moteur. Sur la route de Guiscard, le
Madagascar tombe en panne
définitivement.
La résistance ennemie a été
acharnée et il est déjà
près de midi. Les moteurs des chars tournent
depuis 5 heures : il faut les ravitailler en
essence. L'objectif situé à 25 km ne
peut être atteint, 5 chars sont hors
d'état et l'infanterie n'est pas assez
nombreuse. Par radio, le capitaine Vaudremont donne
l'ordre de retour sur la base de départ.
Pour vaincre la résistance
française, le soir vers 17 heures, pendant
25 minutes, l'aviation ennemie bombarde puissamment
Ham et la région, y provoquant de nombreux
incendies. Le maréchal des logis chef Lucien
Ravel, du 18e GRDI, blessé au cours du
bombardement, est évacué. Les chars
Cambodge, Nice et Terrible sont dans
Ham, aux ponts du canal pour protéger leur
minage.
Le lendemain 20 mai, vers midi, l'aviation
allemande bombarde à nouveau Ham. Vers 14
heures, le génie fait sauter les deux ponts
du canal, le 141e R.I relève le 18e GRDI,
relève protégée par le H 39
embossé près du canal. Vers 15
heures, le capitaine Vaudremont reçoit
l'ordre de regagner Guiscard à la
tombée de la nuit.
Les chars B quittent Ham vers 22 heures, les uns
remorquant les autres ; seul le Madagascar,
ne pouvant être remorqué, est
abandonné. Puis ils prennent la direction de
la forêt de Compiègne, lieu de
regroupement de toutes les unités
écartelées de la 2e DCR.
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