| ||
| ||
| ||
| ||
| ||
| ||
| ||
| ||
|
|
|
Vers 5 heures, alors que le jour se lève, l'ennemi est en vue et le combat s'engage. Les premières attaques allemandes sont repoussées. Malgré les efforts conjugués de l'infanterie, de l'artillerie et des blindés ennemis, les points d'appui résistent; le feu des armes automatiques françaises cause à l'assaillant, qui piètine, des pertes sensibles. Bientôt, les allemands engagent de gros renforts; leurs canons et leurs avions font pleuvoir sur nos hommes un déluge d'obus et de bombes. Après plusieurs heures, s'infiltrant dans les bois, l'ennemi encercle et submerge les points d'appui. Le combat est acharné. Vers 10h30, le régiment reçoit l'ordre de se replier. Une estafette est chargée de répercuter cet ordre à tous les escadrons : elle n'arrivera jamais jusqu'au capitaine de Saint-Sernin, qui continue de tenir ses positions, brisant les vagues d'infanterie allemande. Cramponnés au terrain, les Dragons ne cèdent pas un mètre.
Il est midi et demie. Etonné de ne plus entendre le tir des armes automatiques à sa droite et à sa gauche, Jacques de Saint-Sernin se rend compte que le reste du régiment a décroché et que son escadron reste seul à tenir. L'ordre qu'il a reçu la veille au soir de lutter sur place était formel, et il n'a pas eu de contre-ordre. Pourtant, il ne peut sacrifier inutilement tous ses hommes. Il décide alors de faire replier ses pelotons en ordre et en combattant. Mais lui-même, fidèle jusqu'au bout à sa mission reçue, reste au Bois l'Abbé. Il s'installe derrière quelques bottes de paille avec un fusil-mitrailleur et des grenades, ouvre le feu et protège ainsi le repli de son escadron jusqu'à se faire tuer sur place. Grâce à cette action héroïque, les hommes de Jacques de Saint-Sernin peuvent rejoindre le régiment pour continuer la lutte sur une autre ligne...