En avril 1859, une partie de l'Italie est sous
domination autrichienne. Mais cette situation est
fragile car un courant indépendantiste et
unitaire prend forme parmis les Italiens. Ce
courant est amplifié par la volonté
de la maison de Savoie - avec Victor-Emmanuel II,
roi de Sardaigne - de réunifier le pays sous
son autorité.
Or, la politique habile de Camillo Benso, comte
de Cavour et premier ministre du roi de Sardaigne,
contrarie le gouvernement autrichien qui
décide d'envahir le
Piémont-Sardaigne, allié de la France
depuis la guerre de Crimée. C'est l'occasion
pour Napoléon III d'entrer en guerre
ouvertement contre l'Empereur François
Joseph en portant secours à son
allié.
La mobilisation en France se fait tant bien que
mal. Au moi de mai, le régiment des Lanciers
de la Garde, composé de 4 escadrons de
guerre à l'effectif de 150 hommes et 110
chevaux chacun est affecté à la
division de cavalerie de la Garde commandée
par le général Morris.
Le 7 mai, l'état-major et les 4 escadrons
de guerre ( 45 officiers, 684 hommes, 99 chevaux
d'officiers et 520 chevaux de troupe ) partent de
Compiègne pour Gênes où ils
arriveront le 28 mai. Après avoir rejoint la
division Morris, le régiment séjourne
à Alexandrie (Italie ) jusqu'au 10 juin.
La division Morris arrive à Castenovolo
le 21 juin après une marche
éprouvante pour les chevaux. Près de
1000 chevaux de troupes et 440 chevaux d'officiers
ont été perdus en cours de route
depuis le début de la campagne d'Italie.
|
Lancier de la
Garde
|
Pendant la nuit du 23 au 24 juin, la division
Morris reçoit l'ordre de se préparer
à quitter ses bivouacs de Castenovolo
à 9 heures du matin. L'infanterie de la
Garde quitte Montechiaro à 5 heures du matin
avec la 3e brigade de cavalerie de la Garde et
comme déjà on entend le canon
autrichien dans la direction de Mincio, les soldats
précipitent leur marche instinctivement et
le maréchal Regnaud de Saint-Jean donne
l'ordre au général Morris de partir
plus tôt que prévu de Castenovolo.
La division de cavalerie de la Garde part de son
lieu de bivouac un peu avant 8 heures et franchit
au trot la distance qui la sépare de
Castiglione et vers 9 heures 1/2, elle arrive
derrière la ville sur la route de Mantoue.
Pendant ce temps, les Autrichiens sont
défaits à Magenta et sont poursuivis
par les troupes franco-piémontaises. Le
contact entre les deux ennemis s'établit
à Solférino où les soldats
autrichiens sont surpris au bivouac et où le
division de cavalerie de la Garde opère sa
jonction avec le reste des troupes
françaises et piémontaises.
La bataille de
Solférino peut alors commencer. 135000
soldats alliés contre 135000 Autrichiens
vont s'affronter. L'infanterie française
commence son attaque sur Solférino. En
débouchant sur le champ de bataille, la
Cavalerie reçoit de l'Empereur l'ordre de se
mettre, pour la journée, à la
disposition du maréchal Mac-Mahon qui
prescrit au général Morris de se
placer à la droite de son corps
d'armée de manière à le relier
à la gauche du 4e corps.
Arrivé sur le terrain où il doit
s'établir ( au sud du champ de bataille ),
le général Morris déploie ses
3 brigades par échelons - l'aile gauche en
avant - et les couvre d'une ligne de tirailleurs
fournie par les Chasseurs de la Garde.
Une partie de la journée se passe sans
que la division trouve une occasion favorable pour
entamer la charge et Morris se contente de gagner
du terrain en avant en suivant le mouvement du 2e
Corps concourrant ainsi à maintenir les
masses ennemies qui sont devant lui.
Enfin, vers 3 heures de l'après-midi, une
colonne de cavalerie se montre à quelque
distance des escadrons de la division. Morris lance
à la charge le régiment des Chasseurs
de la Garde qui prend l'ennemi en flanc et le
repousse jusqu'aux batteries autrichiennes. Pendant
ce mouvement, la division Morris reste
exposée aux projectiles qui labourent le sol
en avant du front. Deux lanciers sont
blessés.
Dans le même temps, le 1er corps
français fait plier les Autrichiens au
centre du dispositif tandis que l'artillerie fait
des ravages dans les rangs ennemis. Les pertes
autrichiennes sont très lourdes.
Vers 1 heure du matin - le mouvement ayant
été interrompu par un orage - le
maréchal Mac-Mahon ordonne au
général Morris d'établir sa
division au bivouac sur l'emplacement où
elle se trouve, en couvrant toujours son aile
droite. Entre-temps, l'Empereur François
Joseph, devant l'ampleur des pertes humaines,
ordonne à ses troupes de se retirer de la
bataille : Solférino est
libérée.
Cette bataille aura contribué pour une
large part à une prise de conscience sur le
sort des blessés sur les champs de bataille
: la Croix Rouge Internationale est crée et
en 1864, les conventions de Genève stipulent
que les les services de santé sont
considérés comme neutres.
Bouleversé par le nombre important de
tués et de blessés, Napoléon
III décide de faire cavalier seul et de
négocier directement avec
François-Joseph pour mettre un terme
à cette guerre.
Au soir de la bataille, la division reste donc
au bivouac dans la plaine , à
côté de la route de Castiglione. Le
régiment des Lanciers de la Garde est
près du village de Guidizzolo. A cause du
manque d'eau, la Division change de bivouac et va
s'établir près de Grazioli où
elle séjourne jusqu'au 30 juin. La Division
remonte jusqu'à Borghetto. La 2e Brigade
s'établit sur la rive droite, dans les
prairies qui bordent le Mincio, au
débouché d'un pont de bateaux, Elle y
séjourne le 2 juillet.
A partir de ce moment, une succession d'ordres,
de contre-ordres, de fausses alertes et de vaines
reconnaissances rythment la vie des Cavaliers de la
Garde.
Des ordres arrivés dans la nuit
prescrivent à toute la Garde
Impériale de prendre les armes à 3
heures du matin. A 5 heures, elle rentre au
bivouac. Le même jour , la 2e Brigade passe
le Mincio et s'établit à 3km en avant
de Valeggio où elle reste jusqu'au 12
juillet. Les deux premières brigades ,
dirigées par Morris font une reconnaissance
sur la route de Villafranca à Mantoue et
rentrent le même soir dans leurs bivouacs.
Le 6 juillet, toute l'armée prend les
armes au petit jour et se forme en ordre de
bataille. Les objets de campement sont
laissés au camp. La division de cavalerie de
la Garde est déployée sur une seule
ligne, par régiment en colonne serrée
à 200 métres environ en
arrière de l'infanterie de la Garde, la
droite appuyée près de la route de
Villafranca, la gauche s'étendant vers
Fornetti.
A une heure, le général Fleury
revient de Vérone rapportant l'acceptation
de l'armistice offert par l'Empereur aux
Autrichiens. Toutes les troupes rentrent dans leurs
bivouacs. La prise d'armes du 7 juillet est le
dernier service de guerre du régiment dans
la campagne d'Italie.
Le lendemain, un ordre du jour de l'Empereur
annonce l'armistice signé à
Villafranca par les armées
bélligérantes. Un mois plus tard, la
division Morris reçoit l'ordre de rentrer en
France.
|