La capitulation de l'Empereur en 1870 a mis fin
au Second Empire et a permis la proclamation de la
République. Le 28 janvier 1871, l'armistice
entre la France et l'Allemagne est signé,
après que les Parisiens aient montré
tout leur courage et leur détermination
durant le siège de la capitale par les
forces prussiennes.
Par décision en date du 10 mars 1871, le
régiment des Lanciers de la Garde devient le
9e Lanciers. Il est organisé le 1er avril
1871 avec son dépôt à
Montélimar et ses escadrons de guerre
à Versailles. Il fait partie de la brigade
du général Bernis qui fait partie de
la division Ressayre, elle même
incorporée au 3e corps commandé par
le général du Barrail. Le colonel Ney
d'Elchingen , rentrant de captivité, est
placé à la tête du
régiment. Cependant, un escadron du
régiment est détaché au 5e
régiment de Cavalerie mixte de
l'Armée de la Loire jusqu'au 16 avril 1871.
Pendant les premières semaines de son
existence, l'activité principale du
régiment consiste à fournir des
escortes aux officiers généraux
résidant à Versailles ou au camp de
Satory.
Le 28 mars 1871, une insurrection éclate
à Paris. La déception née de
la capitulation face aux Prussiens et une
succession de maladresses politiques sont les
causes des premières émeutes qui
dégénérent en révoltes
puis en révolution : ce sont les
événements de la " commune de Paris
". Le comité central de la garde nationale -
soutenu par l'association internationale des
travailleurs - et le conseil général
de la Commune de Paris sont à la pointe de
la révolte. Leurs buts sont d'adopter le
drapeau rouge en lieu et place du drapeau
tricolore, de créer des comités de
gouvernement, de supprimer le budget des cultes et
d'obtenir des avantages sociaux. Pendant ces
troubles graves, les parlementaires et le
gouvernement se sont retrouvés à
Versailles avec la volonté de reprendre
Paris aux mains des "communards".
Le climat est tendu. Les autorités
repliées sur Versailles et dont la tactique
consiste à faire un blocus de Paris,
redoutent une sortie des insurgés et une
extension de la révolte. A partir du 9
avril, le 9e Lanciers, qui est cantonné dans
les environs de Versailles, est en alerte. Deux
escadrons du régiment sont mis à la
disposition d'un colonel d'Infanterie dont
l'unité est campé dans le bois de
Verrières. La mission des Lanciers - en
règle général, des officiers -
est d'effectuer des reconnaissances dans les
environs de Paris, de faire respecter le blocus et
d'appuyer l'infanterie en cas
d'événements graves.
Le 14 avril, les 1er et 2e escadrons partent de
leur bivouac en fin d'après- midi pour se
rendre à Choisy le Roi. Ils ont pour mission
de couper la voie du chemin de fer d'Orléans
à 200 métres en avant du village dans
la direction de Vitry sur seine vers la gare aux
boeufs. Le détachement régle sa
marche de manière à arriver à
Choisy pendant la nuit. Il est rejoint sur la route
par le général de Bernis, à la
tête de 2 escadrons de Hussards
destinés à protéger les
lanciers pendant l'opération. Malgré
la mauvaise volonté du chef de gare de
Choisy, le chef d'escadron Caillard se procure les
outils nécessaires et, avec l'aide
d'employés de la voie
réquisitionnés, il parvient à
enlever 100 métres de rail sans être
inquiété.
Deux jours plus tard, le même
détachement quitte Bièvre (
près de Versailles ) pour se rendre à
Massy. Le même jour, un autre escadron du
régiment est établi en grand'garde au
petit Massy; ses petits postes surveillent Antony
et la Croix de berny. Des vedettes sont
placées sur la route de Bourg la Reine et
Fresnes les Rungis, se reliant aux vedettes d'un
petit poste de Dragons établis dans ce
village. Ces derniers sont exposés aux feux
des batteries des Hautes Bruyères ainsi
qu'aux coups de fusil tirés de la Croix de
Berny par les insurgés. Heureusement,
personne n'est atteint. Un service de ronde
d'officiers supérieurs est fait chaque nuit.
Le 25 avril, une sortie des insurgés est
signalée à Villejuif. Alerté,
le 9e Lanciers monte à cheval en milieu
d'après-midi et, conduit par le
général de division, marche sur la
Belle Epine. Les insurgés ne
dépassent pas Villejuif et replient quand
ils le peuvent. Les escadrons rentrent au
cantonnement dans la soirée.
Pendant la soirée du 1er mai, le
régiment monte à cheval et se rend
à Morangis où il arrive à
minuit. Les escadrons s'établissent dans la
principale rue du village et sur le chemin de
grande communication qui relie Morangis à la
grande route de Paris à Lyon par
Fontainebleau avec défense de
débrider et de quitter les rangs. Durant 2
ou 3 heures, le canon et la fusillade se font
entendre dans la direction de la Belle Epine et de
Chevilly. A l'aube, comme s'il ne s'était
rien passé, le régiment reçoit
l'ordre de regagner son cantonnement initial.
Jusqu'au 21 mai, le quotidien des hommes du 9e
Lanciers se passe ainsi, entre fausses alertes et
reconnaissances, jusqu'à ce que l'ordre soit
donné à l'Armée de Versailles
de reprendre le contrôle de Paris et de
chasser les insurgés. Le 22 mai, le
régiment part de Buzenval à l'aube
pour entrer dans Paris où il arrive
tôt le matin par la porte du Point du Jour.
Il prend position sur l'avenue de
l'Impératrice.
Le lendemain, les escadrons étant trop
exposés aux projectiles lancés dans
la direction de l'Arc de triomphe quittent l'avenue
de l'Impératrice dès l'aube pour
aller camper dans le parc Monceaux. Deux pelotons
du 4e escadrons sont désignés pour
escorter le général en chef
Clinchand. Malgré les barricades qui ont
été érigées par les
"communards", ces pelotons suivent le mouvement de
l'infanterie et avancent, avec le
général Clinchand, à mesure
que les insurgés sont refoulés.
Quant aux autres escadrons, ils sont
employés, pendant la semaine du 22 au 28
mai, à conduire à Versailles les
prisonniers insurgés. A plusieurs reprises,
des coups de fusil partant des maisons voisines
sont tirés sur le bivouac. Deux hommes et un
cheval sont blessés; l'un des hommes meurt
à l'ambulance des suites de ses blessures.
Le 23 mai, deux individus sont
arrêtés les armes à la main
dans des maison voisines. Au cours de
l'arrestation, le sous-lieutenant Muckensturn est
blessé d'un coup de feu à la main
droite. Le sort des deux insurgés est sans
appel : ils seront fusillés sur ordre de
l'autorité militaire.
Les combats sont violents. Les insurgés
incendient les monuments de la capitale et
fusillent des otages. La répression est
impitoyable... Enfin, le 29 mai, l'insurrection est
vaincue; 877 soldats réguliers ont perdu la
vie contre 20000 insurgés. Près de
40000 personnes ont été
arrêtées; Les divisions entre les
révolutionnaires, leur manque
d'expérience et leur indiscipline expliquent
à eux seuls ce bilan. Le 11 juillet 1880,
une loi d'amnistie permettra la
réconciliation nationale et mettra un terme
à ces événements.
Quant au 9e Lanciers, il reprend ses quartiers
près de Versailles sitôt sa mission
accomplie. Il assiste, le 28 juin 1871, à la
revue passée par le maréchal de Mac
Mahon, en présence des députés
de l'Assemblée Nationale. Après la
revue, le régiment défile en masse et
au trot.
Le 3 juillet, le 9e Lanciers est
incorporé au 3e Corps (
général du Barrail ). Les escadrons
quittent Versailles pour aller cantonner aux
environs de Palaiseau.
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