Historique > 1815-1873


Le 9e Lanciers et la Commune de Paris

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La capitulation de l'Empereur en 1870 a mis fin au Second Empire et a permis la proclamation de la République. Le 28 janvier 1871, l'armistice entre la France et l'Allemagne est signé, après que les Parisiens aient montré tout leur courage et leur détermination durant le siège de la capitale par les forces prussiennes.

Par décision en date du 10 mars 1871, le régiment des Lanciers de la Garde devient le 9e Lanciers. Il est organisé le 1er avril 1871 avec son dépôt à Montélimar et ses escadrons de guerre à Versailles. Il fait partie de la brigade du général Bernis qui fait partie de la division Ressayre, elle même incorporée au 3e corps commandé par le général du Barrail. Le colonel Ney d'Elchingen , rentrant de captivité, est placé à la tête du régiment. Cependant, un escadron du régiment est détaché au 5e régiment de Cavalerie mixte de l'Armée de la Loire jusqu'au 16 avril 1871.

Pendant les premières semaines de son existence, l'activité principale du régiment consiste à fournir des escortes aux officiers généraux résidant à Versailles ou au camp de Satory.

Le 28 mars 1871, une insurrection éclate à Paris. La déception née de la capitulation face aux Prussiens et une succession de maladresses politiques sont les causes des premières émeutes qui dégénérent en révoltes puis en révolution : ce sont les événements de la " commune de Paris ". Le comité central de la garde nationale - soutenu par l'association internationale des travailleurs - et le conseil général de la Commune de Paris sont à la pointe de la révolte. Leurs buts sont d'adopter le drapeau rouge en lieu et place du drapeau tricolore, de créer des comités de gouvernement, de supprimer le budget des cultes et d'obtenir des avantages sociaux. Pendant ces troubles graves, les parlementaires et le gouvernement se sont retrouvés à Versailles avec la volonté de reprendre Paris aux mains des "communards".

Le climat est tendu. Les autorités repliées sur Versailles et dont la tactique consiste à faire un blocus de Paris, redoutent une sortie des insurgés et une extension de la révolte. A partir du 9 avril, le 9e Lanciers, qui est cantonné dans les environs de Versailles, est en alerte. Deux escadrons du régiment sont mis à la disposition d'un colonel d'Infanterie dont l'unité est campé dans le bois de Verrières. La mission des Lanciers - en règle général, des officiers - est d'effectuer des reconnaissances dans les environs de Paris, de faire respecter le blocus et d'appuyer l'infanterie en cas d'événements graves.

Le 14 avril, les 1er et 2e escadrons partent de leur bivouac en fin d'après- midi pour se rendre à Choisy le Roi. Ils ont pour mission de couper la voie du chemin de fer d'Orléans à 200 métres en avant du village dans la direction de Vitry sur seine vers la gare aux boeufs. Le détachement régle sa marche de manière à arriver à Choisy pendant la nuit. Il est rejoint sur la route par le général de Bernis, à la tête de 2 escadrons de Hussards destinés à protéger les lanciers pendant l'opération. Malgré la mauvaise volonté du chef de gare de Choisy, le chef d'escadron Caillard se procure les outils nécessaires et, avec l'aide d'employés de la voie réquisitionnés, il parvient à enlever 100 métres de rail sans être inquiété.

Deux jours plus tard, le même détachement quitte Bièvre ( près de Versailles ) pour se rendre à Massy. Le même jour, un autre escadron du régiment est établi en grand'garde au petit Massy; ses petits postes surveillent Antony et la Croix de berny. Des vedettes sont placées sur la route de Bourg la Reine et Fresnes les Rungis, se reliant aux vedettes d'un petit poste de Dragons établis dans ce village. Ces derniers sont exposés aux feux des batteries des Hautes Bruyères ainsi qu'aux coups de fusil tirés de la Croix de Berny par les insurgés. Heureusement, personne n'est atteint. Un service de ronde d'officiers supérieurs est fait chaque nuit.

Le 25 avril, une sortie des insurgés est signalée à Villejuif. Alerté, le 9e Lanciers monte à cheval en milieu d'après-midi et, conduit par le général de division, marche sur la Belle Epine. Les insurgés ne dépassent pas Villejuif et replient quand ils le peuvent. Les escadrons rentrent au cantonnement dans la soirée.

Pendant la soirée du 1er mai, le régiment monte à cheval et se rend à Morangis où il arrive à minuit. Les escadrons s'établissent dans la principale rue du village et sur le chemin de grande communication qui relie Morangis à la grande route de Paris à Lyon par Fontainebleau avec défense de débrider et de quitter les rangs. Durant 2 ou 3 heures, le canon et la fusillade se font entendre dans la direction de la Belle Epine et de Chevilly. A l'aube, comme s'il ne s'était rien passé, le régiment reçoit l'ordre de regagner son cantonnement initial.

Jusqu'au 21 mai, le quotidien des hommes du 9e Lanciers se passe ainsi, entre fausses alertes et reconnaissances, jusqu'à ce que l'ordre soit donné à l'Armée de Versailles de reprendre le contrôle de Paris et de chasser les insurgés. Le 22 mai, le régiment part de Buzenval à l'aube pour entrer dans Paris où il arrive tôt le matin par la porte du Point du Jour. Il prend position sur l'avenue de l'Impératrice.

Le lendemain, les escadrons étant trop exposés aux projectiles lancés dans la direction de l'Arc de triomphe quittent l'avenue de l'Impératrice dès l'aube pour aller camper dans le parc Monceaux. Deux pelotons du 4e escadrons sont désignés pour escorter le général en chef Clinchand. Malgré les barricades qui ont été érigées par les "communards", ces pelotons suivent le mouvement de l'infanterie et avancent, avec le général Clinchand, à mesure que les insurgés sont refoulés.

Quant aux autres escadrons, ils sont employés, pendant la semaine du 22 au 28 mai, à conduire à Versailles les prisonniers insurgés. A plusieurs reprises, des coups de fusil partant des maisons voisines sont tirés sur le bivouac. Deux hommes et un cheval sont blessés; l'un des hommes meurt à l'ambulance des suites de ses blessures.

Le 23 mai, deux individus sont arrêtés les armes à la main dans des maison voisines. Au cours de l'arrestation, le sous-lieutenant Muckensturn est blessé d'un coup de feu à la main droite. Le sort des deux insurgés est sans appel : ils seront fusillés sur ordre de l'autorité militaire.

Les combats sont violents. Les insurgés incendient les monuments de la capitale et fusillent des otages. La répression est impitoyable... Enfin, le 29 mai, l'insurrection est vaincue; 877 soldats réguliers ont perdu la vie contre 20000 insurgés. Près de 40000 personnes ont été arrêtées; Les divisions entre les révolutionnaires, leur manque d'expérience et leur indiscipline expliquent à eux seuls ce bilan. Le 11 juillet 1880, une loi d'amnistie permettra la réconciliation nationale et mettra un terme à ces événements.

Quant au 9e Lanciers, il reprend ses quartiers près de Versailles sitôt sa mission accomplie. Il assiste, le 28 juin 1871, à la revue passée par le maréchal de Mac Mahon, en présence des députés de l'Assemblée Nationale. Après la revue, le régiment défile en masse et au trot.

Le 3 juillet, le 9e Lanciers est incorporé au 3e Corps ( général du Barrail ). Les escadrons quittent Versailles pour aller cantonner aux environs de Palaiseau.

 

La guerre de 1870

Le 9e Lanciers devient le 20e Dragons