Historique > 1873-1918


Dernières batailles

Imprimer le document


A la fin de l'année 1917, le 20e Dragons quitte le secteur de Coucy pour être réorganisé. Pendant 45 jours, les cavaliers sont à l'instruction dans la région parisienne. A l'issue de cette période d'entraînement, le régiment rejoint sa division qui est au repos dans la région de Chantilly.

Le 21 mars 1918, les Allemands lancent une vaste offensive sur le front de l'Ouest avec de gros moyens en artillerie. L'armée britannique, alors en première ligne, est obligée de reculer d'une trentaine de kilométres. Une brèche entre les différentes troupes alliées est alors ouverte et la situation devient vite très grave. Les Allemands sont en effet en mesure de bombarder Paris avec des pièces à longue portée, les fameuses " grosses Berthas ".

La réaction des alliés ne se fait pas attendre : 20 divisions françaises sont envoyées en renfort dans les secteurs attaqués et la mise en place d'un commandement unique sous l'autorité du général Foch est décidée.

Le 20e Dragons arrive à Saleux ( près d'Amiens ) le 27 mars. La 3e D.C est mise en réserve du 2e corps de cavalerie et se tient prête à intervenir à tout moment. La mission du 2e C.C est de défendre Amiens. Les efforts des alliés s'avèrent être payant. L'attaque allemande est arrêtée mais la bataille gagne le nord et le 10 avril, la 3e D.C part à marches forcées pour Wemaers-Cappel, en Belgique. Le 17 avril, le 20e Dragons se déploie près de la ligne de bataille. Les escadrons se sont dispersés afin de passer inaperçus à la vue de l'ennemi. De nombreux tirs de réglage de l'artillerie allemande s'abattent sur les points clés du secteur.

La 10e brigade de cavalarie met alors en place un bataillon à pied sous le commandement du chef d'escadrons Thoreau-la-Salle du 15e Dragons. Ce cas de figure avait été maintes et maintes fois répété lors de la période d'instruction du début de l'année. Le 20e Dragons fournit deux compagnies et son peloton de mitrailleuses. L'effectif du bataillon est porté à 387 hommes.

Dans la nuit du 25 au 26, les compagnies montent en ligne. Elles doivent constituer la garnison des monts de Flandre. Les cavaliers ne perdent pas une seconde pour creuser les tranchées car tout laisse à penser que l'attaque allemande est imminente. Ce sentiment est confirmé par un déserteur allemand qui indique aux Français que l'offensive avec emploi de gaz toxiques commencerait à 3 heures du matin.

Effectivement, à l'heure dite, une forte préparation en artillerie commence. Jusqu'à 12h, les obus pleuvent sans discontinuer sur un front de 10 km. Mais, malgré les lourdes pertes qui déciment leurs rangs et les gaz toxiques, les soldats français tiennent bon et les assauts allemands sont vivement repoussés. Les allemands, malgré leur supériorité numérique et leurs puissance de feu, n'ont réussi à percer la ligne française qu'au mont Kemmel, c'est à dire à la gauche du dispositif. Ce succès est relatif car l'ennemi est arrêté par d'autres unités qui lui interdisent la route de Dunkerque.

Cependant, les pertes humaines sont énormes parmi les fantassins et des éléments du 20e Dragons sont mis à la disposition des 413e et 416e régiments d'infanterie. Le régiment n'a pas été épargné lui non plus par l'hécatombe : près de la moitié des dragons ont été tués ou blessés durant les journées précédentes. Le capitaine Toutée et le lieutenant Lassus font partie des victimes.

Le 27 avril, le 20e Dragons est enfin relevé pour aller se reformer à Ledringhem. C'est dans la vallée de la Bresle que le régiment, alors en période d'instruction, apprend qu'il fait l'objet d'une citation à l'ordre de l'armée. Peu à peu, le 20e Dragons se réorganise. Des nouvelles recrues sont incorporées et leur instruction se fait rapidement.

Malgré son échec dans les monts de Flandre, l'ennemi n'a pas renoncé à remporter la victoire. Le 27 mai, il déclenche une nouvelle offensive au Chemin des Dames que les troupes alliées ont délaissé pour le front nord. Les troupes allemandes, en nette supériorité numérique, bousculent les troupes franco-anglaises présentes dans le secteur et atteignent Soissons et la Marne très rapidement.

Le commandement alliés ne tarde pas à réagir et toutes les forces disponibles - dont le contingent américain - sont pressées d'intervenir. Le 28 mai, le 20e Dragons reçoit sa feuille de route et se met en marche vers la zone de combat. Le régiment arrive dans la région de Mareuil-sur-Ourq et envoie de nombreuses reconnaissances qui apprennent que l'ennemi tient les secteurs de Neuilly-Saint Front et de Marizy-Sainte Geneviève.

Un bataillon de combat à pied sous les ordres du lieutenant-colonel de Chabannes est constitué dans la foulée pour renforcer les lignes tenues par l'infanterie qui, devant Faverolles, a repoussé les assauts d'un régiment allemand réputé être le meilleur. Le bataillon ne reste pas longtemps en place car l'arrivée des unités américaines et des divisions d'infanterie françaises permettent au régiment d'être relevé et de rejoindre l'arrière. L'issue des combats est à l'avantage des troupes alliées dont les efforts conjugués ont arrêté l'avance ennemie à 70 km de Paris.

Après les événements du chemin des Dames, le 20e Dragons est cantonné dans la région de Neuilly-en-Thelle où il passe quelques semaines. A la fin du mois de juin, le régiment se met en route avec sa division pour rejoindre le Ier corps de cavalerie dans les environs de Montmirail. Des rumeurs font état qu'une offensive allemande aurait lieu très prochainement dans la région. La vigilance est donc de mise et au lendemain de la célébration de la fête nationale, l'artillerie allemande entre en action et exécute des tirs de préparation : c'est le début de l'offensive annoncée. Les troupes françaises, bien préparées, résistent aux assauts allemands.

Dès le début de l'attaque, la brigade des 15e et 20e Dragons a mis en place un bataillon de combat à pied sous les ordres du chef d'escadrons Thoreau La Salle. Afin de préparer la relève d'un bataillon de chasseurs, les lieutenants Ancenay, Barrière et Lacarrière sont chargés d'effectuer une reconnaissance dans le bois du Châtaignier. Mais ce dernier est déjà occupé par les allemands et selon les renseignements recueillis, ils ont aussi passé la Marne.

Mais leur avance est arrêtée par la 77e division d'infanterie à laquelle s'est joint le bataillon de la brigade. Après avoir subi un temps l'assaut allemand, les Français lancent avec succès une contre-attaque qui repousse l'ennemi au delà de la rivière. Les pertes du bataillon sont sensibles : le lieutenant Ancenay a été tué et 3 officiers et 22 cavaliers ont été blessés. Cette action vaudra au bataillon de la 10e brigade une citation à l'ordre de la 77e D.I.

Le lieutenant d'Ancenay

Le 24 juillet, le 20e Dragons retrouve Château-Thierry, nouvellement reconquis par les américains. Il y attend le moment opportun pour être engagé dans la bataille mais les conditions ne sont réunies pour qu'il y soit employé. Le régiment est donc ramené à l'arrière, dans la vallée de l'Aube, pour être une nouvelle fois réorganisé. Le 22 septembre, le colonel Le Bret quitte le 20e Dragons. Il est remplacé par le lieutenant-colonel Delattre du 21e Dragons.

Les échecs des offensives allemandes ont marqué un tournant dans la guerre. C'est au tour des alliés de passer à l'attaque. Foch déclenche une attaque générale le 8 août. En Champagne, la IVe armée commence son mouvement offensif. Elle est rejointe par des unités de cavalerie dont le 20e Dragons fait partie.

Chacun espère que la cavalerie remplira enfin la mission qui est la sienne, c'est à dire poursuivre l'ennemi. La progression des troupes françaises est difficile car les allemands ont mis en place un réseau défensif bien organisé. L'utilisation de la cavalerie est par conséquent retardé.

La Champagne tient une place importante dans le dispositif ennemi et cela explique l'acharnement des allemands à défendre ce secteur. Néanmoins, des succès sont obtenus et les Français progressent. En octobre, le front allemand est enfoncé et l'issue de la guerre ne laisse plus aucun doute : la victoire est quasiment acquise à condition que l' effort ne soit pas relâché car si les Allemands battent en retraite, ils continuent à se battre avec la dernière énergie.

Le 20e Dragons est envoyé à la mi-octobre à Epernay. Les cavaliers, durement éprouvés durant ces derniers mois, sont victimes d'une épidémie de grippe qui emporte une trentaine de leurs compagnons d'armes. Le 24 octobre, le régiment reçoit la croix de guerre avec palmes et étoile blanche.

Au début du mois de novembre, les nouvelles du front sont excellentes. Les événements se précipitent et les territoires occupés par l'ennemi sont en partie libérés. Le 20e Dragons, quant à lui, est rattaché à l'armée du général Mangin qui doit livrer, dans les jours à venir, une ultime bataille en Lorraine. Mais cette dernière n'aura pas lieu car le 11 novembre, le régiment apprend à Badonviller que l'armistice est signé. La joie est, comme on peut s'en douter, commune à tous. Le 19, le 20e Dragons est désigné pour faire partie des troupes qui entreront solennellement à Metz.

Après avoir pris part aux différentes festivités organisées par les populations civiles en l'honneur des poilus, la division du 20e Dragons est intégrée aux troupes qui doivent occcuper le Palatinat. En décembre, le régiment arrive en Allemagne où il y restera jusqu'en 1919. 

 

Le Chemin des Dames

Annexes