A la fin de l'année 1917, le 20e Dragons
quitte le secteur de Coucy pour être
réorganisé. Pendant 45 jours, les
cavaliers sont à l'instruction dans la
région parisienne. A l'issue de cette
période d'entraînement, le
régiment rejoint sa division qui est au
repos dans la région de Chantilly.
Le 21 mars 1918, les Allemands lancent une vaste
offensive sur le front de l'Ouest avec de gros
moyens en artillerie. L'armée britannique,
alors en première ligne, est obligée
de reculer d'une trentaine de kilométres.
Une brèche entre les différentes
troupes alliées est alors ouverte et la
situation devient vite très grave. Les
Allemands sont en effet en mesure de bombarder
Paris avec des pièces à longue
portée, les fameuses " grosses Berthas ".
La réaction des alliés ne se fait
pas attendre : 20 divisions françaises sont
envoyées en renfort dans les secteurs
attaqués et la mise en place d'un
commandement unique sous l'autorité du
général Foch est
décidée.
Le 20e Dragons arrive à Saleux (
près d'Amiens ) le 27 mars. La 3e D.C est
mise en réserve du 2e corps de cavalerie et
se tient prête à intervenir à
tout moment. La mission du 2e C.C est de
défendre Amiens. Les efforts des
alliés s'avèrent être payant.
L'attaque allemande est arrêtée mais
la bataille gagne le nord et le 10 avril, la 3e D.C
part à marches forcées pour
Wemaers-Cappel, en Belgique. Le 17 avril, le 20e
Dragons se déploie près de la ligne
de bataille. Les escadrons se sont dispersés
afin de passer inaperçus à la vue de
l'ennemi. De nombreux tirs de réglage de
l'artillerie allemande s'abattent sur les points
clés du secteur.
La 10e brigade de cavalarie met alors en place
un bataillon à pied sous le commandement du
chef d'escadrons Thoreau-la-Salle du 15e Dragons.
Ce cas de figure avait été maintes et
maintes fois répété lors de la
période d'instruction du début de
l'année. Le 20e Dragons fournit deux
compagnies et son peloton de mitrailleuses.
L'effectif du bataillon est porté à
387 hommes.
Dans la nuit du 25 au 26, les compagnies montent
en ligne. Elles doivent constituer la garnison des
monts de Flandre. Les cavaliers ne perdent pas une
seconde pour creuser les tranchées car tout
laisse à penser que l'attaque allemande est
imminente. Ce sentiment est confirmé par un
déserteur allemand qui indique aux
Français que l'offensive avec emploi de gaz
toxiques commencerait à 3 heures du matin.
Effectivement, à l'heure dite, une forte
préparation en artillerie commence.
Jusqu'à 12h, les obus pleuvent sans
discontinuer sur un front de 10 km. Mais,
malgré les lourdes pertes qui
déciment leurs rangs et les gaz toxiques,
les soldats français tiennent bon et les
assauts allemands sont vivement repoussés.
Les allemands, malgré leur
supériorité numérique et leurs
puissance de feu, n'ont réussi à
percer la ligne française qu'au mont Kemmel,
c'est à dire à la gauche du
dispositif. Ce succès est relatif car
l'ennemi est arrêté par d'autres
unités qui lui interdisent la route de
Dunkerque.
Cependant, les pertes humaines sont
énormes parmi les fantassins et des
éléments du 20e Dragons sont mis
à la disposition des 413e et 416e
régiments d'infanterie. Le régiment
n'a pas été épargné lui
non plus par l'hécatombe : près de la
moitié des dragons ont été
tués ou blessés durant les
journées précédentes. Le
capitaine Toutée et le lieutenant Lassus
font partie des victimes.
Le 27 avril, le 20e Dragons est enfin
relevé pour aller se reformer à
Ledringhem. C'est dans la vallée de la
Bresle que le régiment, alors en
période d'instruction, apprend qu'il fait
l'objet d'une citation à l'ordre de
l'armée. Peu à peu, le 20e Dragons se
réorganise. Des nouvelles recrues sont
incorporées et leur instruction se fait
rapidement.
Malgré son échec dans les monts de
Flandre, l'ennemi n'a pas renoncé à
remporter la victoire. Le 27 mai, il
déclenche une nouvelle offensive au Chemin
des Dames que les troupes alliées ont
délaissé pour le front nord. Les
troupes allemandes, en nette
supériorité numérique,
bousculent les troupes franco-anglaises
présentes dans le secteur et atteignent
Soissons et la Marne très rapidement.
Le commandement alliés ne tarde pas
à réagir et toutes les forces
disponibles - dont le contingent américain -
sont pressées d'intervenir. Le 28 mai, le
20e Dragons reçoit sa feuille de route et se
met en marche vers la zone de combat. Le
régiment arrive dans la région de
Mareuil-sur-Ourq et envoie de nombreuses
reconnaissances qui apprennent que l'ennemi tient
les secteurs de Neuilly-Saint Front et de
Marizy-Sainte Geneviève.
Un bataillon de combat à pied sous les
ordres du lieutenant-colonel de Chabannes est
constitué dans la foulée pour
renforcer les lignes tenues par l'infanterie qui,
devant Faverolles, a repoussé les assauts
d'un régiment allemand réputé
être le meilleur. Le bataillon ne reste pas
longtemps en place car l'arrivée des
unités américaines et des divisions
d'infanterie françaises permettent au
régiment d'être relevé et de
rejoindre l'arrière. L'issue des combats est
à l'avantage des troupes alliées dont
les efforts conjugués ont
arrêté l'avance ennemie à 70 km
de Paris.
Après les événements du
chemin des Dames, le 20e Dragons est
cantonné dans la région de
Neuilly-en-Thelle où il passe quelques
semaines. A la fin du mois de juin, le
régiment se met en route avec sa division
pour rejoindre le Ier corps de cavalerie dans les
environs de Montmirail. Des rumeurs font
état qu'une offensive allemande aurait lieu
très prochainement dans la région. La
vigilance est donc de mise et au lendemain de la
célébration de la fête
nationale, l'artillerie allemande entre en action
et exécute des tirs de préparation :
c'est le début de l'offensive
annoncée. Les troupes françaises,
bien préparées, résistent aux
assauts allemands.
Dès le début de l'attaque, la
brigade des 15e et 20e Dragons a mis en place un
bataillon de combat à pied sous les ordres
du chef d'escadrons Thoreau La Salle. Afin de
préparer la relève d'un bataillon de
chasseurs, les lieutenants Ancenay, Barrière
et Lacarrière sont chargés
d'effectuer une reconnaissance dans le bois du
Châtaignier. Mais ce dernier est
déjà occupé par les allemands
et selon les renseignements recueillis, ils ont
aussi passé la Marne.
Mais leur avance est arrêtée par la
77e division d'infanterie à laquelle s'est
joint le bataillon de la brigade. Après
avoir subi un temps l'assaut allemand, les
Français lancent avec succès une
contre-attaque qui repousse l'ennemi au delà
de la rivière. Les pertes du bataillon sont
sensibles : le lieutenant Ancenay a
été tué et 3 officiers et 22
cavaliers ont été blessés.
Cette action vaudra au bataillon de la 10e brigade
une citation à l'ordre de la 77e D.I.
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Le lieutenant
d'Ancenay
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Le 24 juillet, le 20e Dragons retrouve
Château-Thierry, nouvellement reconquis par
les américains. Il y attend le moment
opportun pour être engagé dans la
bataille mais les conditions ne sont réunies
pour qu'il y soit employé. Le
régiment est donc ramené à
l'arrière, dans la vallée de l'Aube,
pour être une nouvelle fois
réorganisé. Le 22 septembre, le
colonel Le Bret quitte le 20e Dragons. Il est
remplacé par le lieutenant-colonel Delattre
du 21e Dragons.
Les échecs des offensives allemandes ont
marqué un tournant dans la guerre. C'est au
tour des alliés de passer à
l'attaque. Foch déclenche une attaque
générale le 8 août. En
Champagne, la IVe armée commence son
mouvement offensif. Elle est rejointe par des
unités de cavalerie dont le 20e Dragons fait
partie.
Chacun espère que la cavalerie remplira
enfin la mission qui est la sienne, c'est à
dire poursuivre l'ennemi. La progression des
troupes françaises est difficile car les
allemands ont mis en place un réseau
défensif bien organisé. L'utilisation
de la cavalerie est par conséquent
retardé.
La Champagne tient une place importante dans le
dispositif ennemi et cela explique l'acharnement
des allemands à défendre ce secteur.
Néanmoins, des succès sont obtenus et
les Français progressent. En octobre, le
front allemand est enfoncé et l'issue de la
guerre ne laisse plus aucun doute : la victoire est
quasiment acquise à condition que l' effort
ne soit pas relâché car si les
Allemands battent en retraite, ils continuent
à se battre avec la dernière
énergie.
Le 20e Dragons est envoyé à la
mi-octobre à Epernay. Les cavaliers,
durement éprouvés durant ces derniers
mois, sont victimes d'une épidémie de
grippe qui emporte une trentaine de leurs
compagnons d'armes. Le 24 octobre, le
régiment reçoit la croix de guerre
avec palmes et étoile blanche.
Au début du mois de novembre, les
nouvelles du front sont excellentes. Les
événements se précipitent et
les territoires occupés par l'ennemi sont en
partie libérés. Le 20e Dragons, quant
à lui, est rattaché à
l'armée du général Mangin qui
doit livrer, dans les jours à venir, une
ultime bataille en Lorraine. Mais cette
dernière n'aura pas lieu car le 11 novembre,
le régiment apprend à Badonviller que
l'armistice est signé. La joie est, comme on
peut s'en douter, commune à tous. Le 19, le
20e Dragons est désigné pour faire
partie des troupes qui entreront solennellement
à Metz.
Après avoir pris part aux
différentes festivités
organisées par les populations civiles en
l'honneur des poilus, la division du 20e Dragons
est intégrée aux troupes qui doivent
occcuper le Palatinat. En décembre, le
régiment arrive en Allemagne où il y
restera jusqu'en 1919.
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