Cette poursuite a remonté le moral des
cavaliers et tous sont prêts pour la
prochaine bataille qui va bientôt commencer :
l' offensive du Chemin des Dames. Le 1er corps de
cavalerie se prépare minutieusement, les
paquetages sont complétés et les
chevaux sont remis en condition. Tout laisse
supposer que de longues chevauchées
attendent les cavaliers. Le 13 avril, le 1er C.C se
met en route pour Fismes. Dès le
début de la bataille, les hommes du
général Mangin prennent Craonne
pendant que les cuirassiers des 4e, 9e et 11e Cuir.
enlèvent Le moulin de Laffaux où un
ancien du 20e Dragons, le lieutenant-colonel
Thureau, fait une nouvelle fois preuve de son
courage.
Mais en dépit des efforts français
et de l'utilisation des premiers chars sous les
couleurs tricolores les résultats obtenus
sur le terrain demeurent insuffisants pour un
engagement de la cavalerie montée. En trois
jours, près de 60000 soldats français
sont tués sans que la percée
espérée des lignes allemandes ait
été réalisée. Le 5 mai
1917, le 20e Dragons doit donc revenir vers
l'arrière et reprendre la rude vie des
tranchées dans le secteur de Folembray, face
à la forêt de Saint-Gobain, puis dans
celui de Coucy.
Au début de l'été, il est
transféré dans le secteur d' Amigny -
Rouy pour y occuper de nouvelles tranchées.
Il parvient, dans de rares occasions, à
faire quelques prisonniers allemands. Le reste du
temps, il est occupé à aider les
populations civiles qui ont tout perdu durant la
retraite allemande. Les dragons reconstruisent des
maisons et prennent part aux travaux des champs.
Mais la guerre n'est pas terminée pour
autant : quelques journées sont
consacrées à l'instruction et au
maniement des nouvelles armes.
Mais l'état-major n'a cependant pas
renoncé à reprendre le Chemin des
Dames aux Allemands. A l'aube du 23 octobre 1917,
la VIe armée du général
Maistre lance une attaque décisive sur la
ligne Mont-des-Singes / Braye-en-Laonnois. Les
troupes françaises reprennent le plateau du
Chemin des Dames et chassent l'ennemi au
delà de l'Ailette et du canal de l'Aisne.
Les pertes allemandes sont élevées :
8000 morts, 30000 blessés, 11600
prisonniers, 200 canons et 1000 mitrailleuses.
Quant au Ier corps de cavalerie, il est en
couverture de la IIe armée du
général Humbert qui se tient
prête à intervenir sur le flanc gauche
de la VIe armée. Le 20e Dragons doit fournir
un détachement d'attaque. Mais les
circonstances, encore une fois, ne sont pas
favorables à une action offensive et les
troupes françaises sont contraintes
d'interrompre leur mouvement victorieux et
malgré les succès obtenus par les
Anglais dans les Flandres, le front ennemi n'a
toujours pas craqué.
Le 20e Dragons doit alors reprendre sa mission
défensive. Le 8 novembre, il tient le
secteur de Rozières avec la compagnie du
capitaine de Leobardy du 15e Dragons. Le 20,
l'artillerie allemande effectue des tirs de
réglage et tout laisse à penser que
l'ennemi prépare une offensive.
Deux jours plus tard, les suppositions
deviennent réalités : des sections
d'une trentaine d'hommes attaquent les postes
français sous le couvert d'un feu intense
d'artillerie. La réaction française
est rapide : la garnison du secteur attaqué
se rue à ses postes de combat et
l'artillerie ainsi que les mitrailleuses
exécutent des tirs de barrage. Les postes
placés en avant-garde se replient
jusqu'à une ligne de résistance
où l'ennemi doit être
impérativement arrêté. La
défense s'avère être efficace
et les pertes allemandes sont
élevées. Une heure et demi
après le déclenchement de l'attaque,
les dragons placés en éclaireurs
signalent que l'ennemi bat en retraite en laissant
sur le terrain beaucoup d'armes et de
matériels.
Mais ce succès n'est pas pour autant
définif. Durant 15 jours, l'artillerie
allemande bombarde le secteur. Les soldats
français doivent donc faire face à un
déluge d'obus et aux gaz toxiques qui font
plusieurs victimes. Les conditions de vie sont
extrêmement difficiles. Outre l'aspect du
secteur, avec ses thalwegs et ses bois épais
propices aux pièges de toutes sortes tendus
par les Allemands, des nappes asphyxiantes
circulent dans les fonds et arrivent jusque dans
les abris où elles contaminent la
nourriture.
Cependant, rien n'y fait : malgré les
privations et les bombardements éprouvant
pour les nerfs et le moral, les Français
veillent et la moindre patrouille allemande qui
s'approche un peu trop près des
tranchées est immanquablement prise sous le
feu des mitrailleuses.
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Le
capitaine Toutée
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Le 3 décembre, les postes tenus par
l'escadron du capitaine Toutée sont
violemment bombardés. Ceux de Rosière
et de la Maison - Blanche sont
particulièrement visés tandis que la
ligne de résistance, située à
environ 500 m subit des tirs d'interdiction.
Conformément aux consignes, les Dragons
évacuent leurs postes avancés et
rejoignent la ligne de défense avec
difficultés. Quelques uns ne retrouvent
bloqués par les explosions d'obus et restent
dans des éléments de tranchées
où les survivants obtiendront des
renseignements utiles.
Durant près de 2 heures, les Dragons
subissent le bombardement qui fait beaucoup de
victimes mais leur vaillance est intacte et les
troupes françaises présentes dans le
secteur ne manquent pas de riposter et
résistent aux assauts allemands. Vers 22h30,
deux pelotons sortent de la ligne de
résistance pour aller réoccuper les
postes abandonnés depuis le début de
l'attaque.
L'ennemi n'a réussi à enfoncer
qu'un seul point de la ligne de résistance
mais il n'a pas été en mesure de s'y
maintenir. A la fin du combat, de nombreuses armes
ainsi que différents matériels ont
été trouvés par les soldats
français ainsi que les cadavres de 14
fantassins allemands.
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