Pour le 20e Dragons, l'année 1915
débute dans les tranchées. Au cours
des mois suivants, le régiment occupe les
tranchées de Michelbach, Burnhaupt, Fulernes
et Pferthausen. L'organisation de ces secteurs est
confiée au lieutenant-colonel Thureau.
Au mois de juillet, le colonel
Gaillard-Bournazel est décoré de la
croix d'officier de la Légion d'Honneur et
de la croix de guerre avec palme avec la citation
suivante : " A rendu service les plus
distingués, dans le commandement de son
régiment, depuis le début de la
campagne." . Pour l'occasion, une prise d'armes
est organisée à Massevaux avec le
général Joffre qui ne manque pas de
féliciter les Dragons pour leur allure
superbe lors du défilé.
Le 20e Dragons est ensuite
transféré vers la frontière
suisse où se situe le dernier secteur de la
ligne française. Il y restera jusqu'au
début de l'année suivante.
En mars 1916, le régiment est à
Fulleren où il doit participer à une
opération inédite : il s'agit
d'intimider l'ennemi en attaquant ses
tranchées sous le couvert de l'artillerie et
de ramener des prisonniers.
L'organisation de ce coup de main est
confiée au lieutenant-colonel Thureau,
secondé par le lieutenant Dumont Saint
Priest. Le programme de la sortie est soigneusement
préparé car chaque détail a
son importance.
Le 14 mars, l'opération est
déclenchée. Durant 1 h 30,
l'artillerie française prépare le
terrain : elle bombarde les tranchées
ennemies sans relâche. Sitôt le dernier
obus tiré, 60 Dragons sortent de leurs
tranchées et courent jusqu'aux lignes
allemandes distantes de 300 métres. Ils sont
couverts par deux sections de mitrailleuses qui
assurent le flanquement vers le nord. Vingt minutes
plus tard et après avoir détruit
à la genade les installations ennemies
visées, les Dragons reviennent dans leurs
lignes avec 9 prisonniers. Un seul cavalier est
légérement blessé et
malgré le risque important qui a
été pris, le régiment ne
déplore heureusement aucune perte. Par la
suite, ce genre d'action inspirera d'autres
unités qui tenteront des opérations
de plus grande envergure.
|
Le colonel Le
Bret
|
Un mois plus tard après ce fait d'armes,
le colonel Gaillard-Bournazel, atteint par la
limite d'âge, doit quitter son
régiment et laisser la place au
lieutenant-colonel Le Bret, du 7e Chasseurs.
En mai 1916, la 10e D.C est dissoute. Les 20e et
15e Dragons passent à la 3e D.C du
général de Boissieu et
intégrent le 1er corps de cavalerie. Le 28,
le régiment quitte l'Alsace pour l'Oise.
Aussitôt débarqué, il prend les
tranchées dans le secteur de Marquiviller.
Dès la fin juin, le 20e Dragons, à
l'instar d'autres régiments de cavalerie,
reprend activement l'instruction à cheval
dans la région de la forêt d'Eu en vue
de la prochaine offensive alliée sur la
Somme.
A la fin de l'été, le
régiment est cantonné au camp
n°61, dans la région de Bray-sur-Somme,
c'est à dire à proximité des
lignes françaises. Après un mois
à attendre l'ordre d'engagement, le corps de
cavalerie est ramené à
l'arrière. Il faut dire qu'une nouvelle arme
- anglaise - a fait son apparition sur le champ de
bataille : le tank. Utilisé en avant-garde
de l'infanterie, il a permis aux alliés
d'enfoncer les lignes allemandes. Malheureusement,
l'avantage acquis sur le terrain n'a pas pu
être exploité à cause de
l'absence de troupes de réserve aptes
à tenir les zones conquises.
Mousqueton modèle 1916
avec sa baïonnette
De novembre 1916 jusqu'en mars 1917, le 20e
Dragons occupe les tranchées dans les
environs de Bailly et de Ribécourt sur
l'Oise. Après un hiver difficile, le
régiment renoue avec l'action le 7 mars. Il
est lancé à la poursuite des
Allemands qui, sous la pression française,
sont contraints de céder du terrain tout en
refusant le combat. Rien ne semble pouvoir
arrêter le 20e Dragons, pas même les
réseaux de fils de fer barbelés, les
routes coupées et les tranchées
allemandes inoccupées.
Parti de Ribécourt, il découvre le
soir les ruines encore fumantes de Caumont
où il doit passer la nuit. Un escadron est
envoyé en reconnaissance jusqu'au canal de
Crozat. Là, les Dragons sont accueillis par
un violent feu d'artillerie et de mitrailleuses :
ce sont les troupes d'Hidenburg, solidement
organisées en défense. Faute de
moyens offensifs, l'escadron doit se replier et
rejoindre le reste du régiment.
|