Historique > 1873-1918


La course à la mer

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Après l'épisode de Sissonne, le 20e Dragons est envoyé dans la région de Reims puis sur la Somme. La guerre entre dans une nouvelle phase, celle dite de la "Course à la mer " qui consiste à un glissement du front vers le nord-ouest où Français et Allemands cherchent mutuellement à se prendre par revers.

Le 22 septembre 1914, le sous lieutenant Ancenay se voit confier la mission d'assurer la liaison du corps de cavalerie Buisson. Le peloton Ancenay part de Fescamp ( Somme ) et parcourt en une journée plus de 50 km dans le brouillard en évitant les lieux habités.

Mais la rencontre avec des patrouilles ennemies est inévitable. Au passage de la voie ferrée Amiens -La Fère, le peloton essuie des coups de feu heureusement sans consèquences. Après avoir rejoint un autre peloton de reconnaissance, en l'occurence celui du 4e Cuirassiers, il est forcé de combattre à pied contre une patrouille de Hussards de la mort. L'issue de ce combat tourne à l'avantage des Français : 1 allemand est tué et 2 autres sont faits prisonniers.

Le lendemain, le peloton noue le contact avec le 2e Corps de Cavalerie dans les environs d'Albert jusqu'à la fin de sa mission. Au cours des accrochages auxquels ce peloton a été mêlé, plusieurs Dragons se sont distingués par leur bravoure et leur courage, suivant ainsi l'exemple de leur sous-lieutenant. C'est notamment le cas des brigadiers Brachet et Murray et des cavaliers Desvergnes, Girol et Saint Martin.

Le 3 octobre 1914, les Allemands lancent une grande offensive dans le but de s'emparer de Calais et Dunkerque. Le 20e Dragons reçoit l'ordre d'arrêter la progression ennemie le long de la voie ferrée Arras-Lens et de soutenir des éléments d'infanterie et des Tirailleurs qui résistent dans Bailleul jusqu'à la relève par un corps d'armée.

Deux jours plus tard, alors que les fantassins de Bailleuil ont été durement attaqués pendant la nuit, le 20e Dragons arrive dans les environs du village. Le contact avec l'ennemi est immédiat et les premiers combats sont engagés à la baïonnette. Les Allemands sont contraints de creuser des tranchées sur place afin de se protéger des assauts des Dragons français. Le lieutenant-colonel de Champvallier, chef de corps par interim du régiment, insuffle à ses hommes l'énergie nécessaire pour mener ce combat violent en se mettant lui-même en évidence mais de nombreux cavaliers sont blessés, comme le lieutenant d'Aragon, atteint à la cuisse par une balle.

A 14 heures, le corps d'armée tant attendu arrive et prend la relève du détachement d'infanterie qui était sous le feu durant plus de 3 jours. Quant au 20e Dragons, il rompt le combat, sa mission ayant été pleinement accomplie. Pendant que les fantassins quittent Bailleuil, le 3e escadron reste dans ses positions pour les couvrir et décroche enfin pour protéger leur retraite. Le capitaine de Langlois se verra décerner une citation pour son action courageuse à la tête de ses hommes.

Deux jours plus tard, le lieutenant Argueyrolles est chargé d'effectuer une reconnaissance sur Ransart. Ce lieutenant s'était déjà distingué à Fismes lors de la bataille de la Marne et il n'avait pas ménagé sa peine à Bailleuil en méprisant le danger.

Dans les environs du village, Argueyrolles aperçoit une dizaine d'Uhlans et des éléments d'infanterie allemande. Sa décision est immédiate : profitant de l'effet de surprise et malgré le feu des mitrailleuses vite mises en oeuvre, le groupe de Dragons charge les cavaliers allemands et les désarçonne tous. Seulement 2 uhlans sont faits prisonniers, les autres étant tués lors du choc. Mais outre cette action d'éclat, la patrouille du lieutenant Argueyrolles a pu ramener des renseignements précis qui ont été utilisés par l'artillerie française pour mettre hors service une batterie allemande.

Le 6 novembre 1914, on retrouve le lieutenant Argueyrolles à Wytchaete, en Belgique. En effet, ce jour-là, les alliés ont l'ordre de reprendre ce village aux Allemands. Les combats sont violents et l'infanterie est sur le point de reculer lorsque le lieutenant Argueyrolles, à la tête de deux pelotons du 20e Dragons, amène ses cavaliers en combat à pied jusqu'à la ligne de feu, décidant ainsi le succès d'une contre-attaque. Sous son impulsion, il entre le premier avec ses Dragons, la ligne d'infanterie et un petit groupe de cavaliers anglais dans le village où il reçoit une blessure heureusement pas trop grave.

Pendant ce temps, un escadron complet du 20e Dragons, sous les ordres du capitaine Calmels, doit aller occuper une tranchée en première ligne en face de Messines. C'est la première fois que les cavaliers prennent les tranchées. La Cavalerie étant l'arme de la mobilité et des actions d'éclats, elle est néanmoins obligée de s'adapter à la nouvelle tournure que prennent les opérations : d'une guerre de mouvement, on passe à une guerre de position avec des armes de plus en plus sophistiquées.

Mais que ce soit à cheval ou dans les tranchées, les Dragons font bonne figure et comme à leur habitude, leur sens du devoir prime toujours sur leurs souffrances personnelles. La bataille qui anime toute la ligne de front est très violente. Durant plus de 36 heures, ils vont tenir stoïquement leur position dans des conditions difficiles et sans ravitaillement. Le 11 novembre, le détachement quitte le secteur après avoir rempli son rôle et rejoint le reste du régiment qui est dans la région d'Ypres. Quelques jours plus tard, le 20e Dragons est mis au repos, avec la 10e D.C, en Lorraine.

Le 13 décembre, il est mis à la disposition du général commandant l'armée des Vosges et s'embarque pour l'Alsace. A peine arrivé dans la région, il est envoyé à Aspach-le-Bas pour prendre part à l'offensive française contre des lignes allemandes très bien organisées. Les attaques françaises échouent et continuer à se heurter à des lignes aussi bien défendues serait suicidaire. Il n'y a donc pas d'autre alternative que de creuser des tranchées et de livrer une guerre d'usure. C'est donc dans le secteur d'Aspach que le 20e Dragons en entier va prendre les tranchées.

 

La bataille de la Marne

Dans les tranchées