Après l'épisode de Sissonne, le
20e Dragons est envoyé dans la région
de Reims puis sur la Somme. La guerre entre dans
une nouvelle phase, celle dite de la "Course
à la mer " qui consiste à un
glissement du front vers le nord-ouest où
Français et Allemands cherchent mutuellement
à se prendre par revers.
Le 22 septembre 1914, le sous lieutenant Ancenay
se voit confier la mission d'assurer la liaison du
corps de cavalerie Buisson. Le peloton Ancenay part
de Fescamp ( Somme ) et parcourt en une
journée plus de 50 km dans le brouillard en
évitant les lieux habités.
Mais la rencontre avec des patrouilles ennemies
est inévitable. Au passage de la voie
ferrée Amiens -La Fère, le peloton
essuie des coups de feu heureusement sans
consèquences. Après avoir rejoint un
autre peloton de reconnaissance, en l'occurence
celui du 4e Cuirassiers, il est forcé de
combattre à pied contre une patrouille de
Hussards de la mort. L'issue de ce combat tourne
à l'avantage des Français : 1
allemand est tué et 2 autres sont faits
prisonniers.
Le lendemain, le peloton noue le contact avec le
2e Corps de Cavalerie dans les environs d'Albert
jusqu'à la fin de sa mission. Au cours des
accrochages auxquels ce peloton a été
mêlé, plusieurs Dragons se sont
distingués par leur bravoure et leur
courage, suivant ainsi l'exemple de leur
sous-lieutenant. C'est notamment le cas des
brigadiers Brachet et Murray et des cavaliers
Desvergnes, Girol et Saint Martin.
Le 3 octobre 1914, les Allemands lancent une
grande offensive dans le but de s'emparer de Calais
et Dunkerque. Le 20e Dragons reçoit l'ordre
d'arrêter la progression ennemie le long de
la voie ferrée Arras-Lens et de soutenir des
éléments d'infanterie et des
Tirailleurs qui résistent dans Bailleul
jusqu'à la relève par un corps
d'armée.
Deux jours plus tard, alors que les fantassins
de Bailleuil ont été durement
attaqués pendant la nuit, le 20e Dragons
arrive dans les environs du village. Le contact
avec l'ennemi est immédiat et les premiers
combats sont engagés à la
baïonnette. Les Allemands sont contraints de
creuser des tranchées sur place afin de se
protéger des assauts des Dragons
français. Le lieutenant-colonel de
Champvallier, chef de corps par interim du
régiment, insuffle à ses hommes
l'énergie nécessaire pour mener ce
combat violent en se mettant lui-même en
évidence mais de nombreux cavaliers sont
blessés, comme le lieutenant d'Aragon,
atteint à la cuisse par une balle.
A 14 heures, le corps d'armée tant
attendu arrive et prend la relève du
détachement d'infanterie qui était
sous le feu durant plus de 3 jours. Quant au 20e
Dragons, il rompt le combat, sa mission ayant
été pleinement accomplie. Pendant que
les fantassins quittent Bailleuil, le 3e escadron
reste dans ses positions pour les couvrir et
décroche enfin pour protéger leur
retraite. Le capitaine de Langlois se verra
décerner une citation pour son action
courageuse à la tête de ses hommes.
Deux jours plus tard, le lieutenant Argueyrolles
est chargé d'effectuer une reconnaissance
sur Ransart. Ce lieutenant s'était
déjà distingué à Fismes
lors de la bataille de la Marne et il n'avait pas
ménagé sa peine à Bailleuil en
méprisant le danger.
Dans les environs du village, Argueyrolles
aperçoit une dizaine d'Uhlans et des
éléments d'infanterie allemande. Sa
décision est immédiate : profitant de
l'effet de surprise et malgré le feu des
mitrailleuses vite mises en oeuvre, le groupe de
Dragons charge les cavaliers allemands et les
désarçonne tous. Seulement 2 uhlans
sont faits prisonniers, les autres étant
tués lors du choc. Mais outre cette action
d'éclat, la patrouille du lieutenant
Argueyrolles a pu ramener des renseignements
précis qui ont été
utilisés par l'artillerie française
pour mettre hors service une batterie allemande.
Le 6 novembre 1914, on retrouve le lieutenant
Argueyrolles à Wytchaete, en Belgique. En
effet, ce jour-là, les alliés ont
l'ordre de reprendre ce village aux Allemands. Les
combats sont violents et l'infanterie est sur le
point de reculer lorsque le lieutenant
Argueyrolles, à la tête de deux
pelotons du 20e Dragons, amène ses cavaliers
en combat à pied jusqu'à la ligne de
feu, décidant ainsi le succès d'une
contre-attaque. Sous son impulsion, il entre le
premier avec ses Dragons, la ligne d'infanterie et
un petit groupe de cavaliers anglais dans le
village où il reçoit une blessure
heureusement pas trop grave.
Pendant ce temps, un escadron complet du 20e
Dragons, sous les ordres du capitaine Calmels, doit
aller occuper une tranchée en
première ligne en face de Messines. C'est la
première fois que les cavaliers prennent les
tranchées. La Cavalerie étant l'arme
de la mobilité et des actions
d'éclats, elle est néanmoins
obligée de s'adapter à la nouvelle
tournure que prennent les opérations : d'une
guerre de mouvement, on passe à une guerre
de position avec des armes de plus en plus
sophistiquées.
Mais que ce soit à cheval ou dans les
tranchées, les Dragons font bonne figure et
comme à leur habitude, leur sens du devoir
prime toujours sur leurs souffrances personnelles.
La bataille qui anime toute la ligne de front est
très violente. Durant plus de 36 heures, ils
vont tenir stoïquement leur position dans des
conditions difficiles et sans ravitaillement. Le 11
novembre, le détachement quitte le secteur
après avoir rempli son rôle et rejoint
le reste du régiment qui est dans la
région d'Ypres. Quelques jours plus tard, le
20e Dragons est mis au repos, avec la 10e D.C, en
Lorraine.
Le 13 décembre, il est mis à la
disposition du général commandant
l'armée des Vosges et s'embarque pour
l'Alsace. A peine arrivé dans la
région, il est envoyé à
Aspach-le-Bas pour prendre part à
l'offensive française contre des lignes
allemandes très bien organisées. Les
attaques françaises échouent et
continuer à se heurter à des lignes
aussi bien défendues serait suicidaire. Il
n'y a donc pas d'autre alternative que de creuser
des tranchées et de livrer une guerre
d'usure. C'est donc dans le secteur d'Aspach que le
20e Dragons en entier va prendre les
tranchées.
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