Historique > 1873-1918


La mobilisation d'août 1914 et premiers faits d'armes

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En octobre 1873, Le 20e Dragons arrive à Limoges. Jusqu'à la guerre, la vie des Dragons se partage entre des exercices de manoeuvre, des compétitions hippiques et des défilés dans les rues de Limoges lors de la fête nationale.

Le 14 juillet 1909, l'Etendard du régiment reçoit la médaille d'or de la ville de Milan pour célébrer le cinquantième anniversaire de la victorieuse campagne d'Italie et de la bataille de Solférino (Voir à ce sujet la rubrique consacrée à l'Etendard).

Les Officiers du 20e Dragons en 1903

Mais les blessures de la guerre de 1870 ne sont pas cicatrisées, les tensions entre la France et l'Allemagne apparaissent plus vive et la situation internationale, notamment dans les Balkans avec la fin de l'Empire Turque et l'assassinat du Prince héritier d'Autriche François Ferdinand à Sarajevo, va jeter l'Europe dans un nouveau conflit.

Le 02 août 1914, l'Allemagne envoie un ultimatum à la Belgique, pays neutre à l'époque, pour la sommer de laisser passer ses troupes. Le Roi des Belges rejette l'ultimatum et son pays est envahi par les troupes allemandes. Le lendemain, devant cet état de fait, l'Angleterre, alliée de la Belgique, déclare la guerre à l'Allemagne qui en fait de même avec la France, alors alliée de l'Angleterre.

La stratégie française est élaborée dès 1913 (le plan XVII). Elle consiste à lancer une offensive en Alsace-Lorraine en ignorant le mouvement allemand en Belgique qui passe alors pour une diversion. En fait, ce mouvement était prévu par le plan Schleiffen, mis au point en 1905. L'objectif des allemands était de contourner l'armée française en passant par le Belgique afin de gagner la guerre rapidement à l'ouest pour se tourner ensuite vers la Russie.

D'un côté comme de l'autre, on croit que la guerre sera vite terminée, chacun étant certain de la victoire. En France, plus de 3 millions d'hommes sont mobilisés.

Le 20e Dragons, dont beaucoup de cavaliers sont originaires du Limousin, de la Dordogne et de la Charente est composé de 4 escadrons et a pour chef de corps le colonel Gaillard-Bournazel.

Il forme, avec le 15e Dragons, la 10e brigade de Dragons ( général Chêne ) qui fait partie de la 10e division de Cavalerie du général Conneau. Conformément au plan XVII, la 10e DC doit assurer la couverture de la concentration de la IIe armée du général Castelnau à Nancy.

Le 3 août 1914, le 20e Dragons part de la gare Limoges-Bénédictin pour rejoindre Lunéville ( à 29 km au sud-est de Nancy ) où il arrive deux jours plus tard.

Le Colonel Gaillard-Bournazel

Le 7 août, un détachement de 8 cavaliers du 4e escadron commandé par le lieutenant de Montmorin et secondé par le maréchal des logis ( mdl ) Duvigneau effectue avec succès une reconnaissance sur les villages de Xure et La Garde où des troupes ennemies sont signalées. Mais le régiment déplore son premier mort : le cavalier Charbin.

Trois jours plus tard, le capitaine Riondel commande dans des conditions difficiles un détachement de couverture composé du 1er escadron, d'une compagnie de chasseurs cyclistes et d'une section de mitrailleuse.

A 15 heures, l'un des pelotons du 1er escadron, commandé par le sous-lieutenant Verny, charge victorieusement le peloton de l'oberlieutnant von Schmidt, du 6e chevau-léger bavarois au cours d'une reconnaissance sur Lintrey. Cette action permet au détachement de couverture de ne plus être inquiété. 

Le 16 août, la IIe armée, sa concentration à peine achevée, passe à l'offensive dans la région dite des Etangs (entre Metz et Strasbourg). Les 15e et 20e corps d'infanterie, envoyés en premier échelon, se heurtent à une très forte résistance allemande.

Les fantassins, baïonnette au canon, reçoivent des salves d'obus bien cadrés et leurs efforts se brisent sur des fronts fortifiés. Les pertes sont terribles et la retraite est ordonnée.

Le lieutenant d'Aragon du 4e escadron

La 10e DC a pour mission d'accompagner les actions de la IIe armée. Le 18 août, elle reçoit le baptême du feu sur le polygone de la garnison allemande de Sarrebourg. Heureusement, les schrapnells allemands sont mal ajustés et les pertes sont nettement moindre par rapport à celle de l'infanterie.

Le lendemain, la 10e DC est déployée en rideau sur la Vezouze pour couvrir la retraite de la IIe armée. La VIe armée allemande du Kronprinz de Bavière, jusqu'alors appuyée aux camps retranchés de Metz et de Strasbourg, lance une contre-attaque qui ne rencontre pas une grande résistance de la part des français, sauf au Grand-Couronné (sur les hauteurs de Nancy) où la IIe armée repousse les Allemands au sud de la Lorraine.

Mais il en faut plus pour décourager le Kronprinz de Bavière qui, jugeant la IIe armée sur ses fins, désobéit aux ordres de la Direction Suprême de Von Moltke et décide de poursuivre son action offensive. Il pense pouvoir anéantir l'armée de Castelnau et d'ouvrir ensuite une brèche par la trouée de Charmes pour prendre à revers le corps de bataille français.

Même si la IIe armée française est affaiblie par ses trop nombreuses pertes, elle reste néanmoins opérationnelle. Le général Castelnau en a conscience et il met au point une tactique qui consiste à attirer le Kronprinz de Bavière loin de ses bases arrières pour le battre entre la Moselle et la Colline Inspirée. Dans ce but, la 10e DC est chargée de ralentir pendant 24 heures l'avance de la VIe armée allemande en la forçant à combattre. De violents combats ont lieu à Rozelieures et Franconville où le 20e Dragons s'illustrent particulièrement.

C'est ainsi que le 24 août, alors que les 1er et 2e escadrons du 20e Dragons (demi-régiment du chef d'escadrons Thureau) assurent la couverture de la 10e Division de Cavalerie qui doit faire un mouvement de retraite et franchir la Mortagne (dans les environs de Lunéville), le brigadier Lacarrière est chargé de porter un renseignement important à son escadron qui est dans une position très aventurée. Le brigadier est obligé de traverser une zone boisée sous contrôle ennemi. Il lui est très difficile de passer inaperçu et il essuie le tir ennemi : une balle lui transperce une jambe et son cheval est mortellement blessé. Mais Lacarrière ne manque pas de courage : il continue, à pied, pendant près de 3 Km à travers bois. Exténué, il arrive heureusement à rejoindre son escadron qui reçoit à temps le renseignement et décroche de sa position pour rejoindre le reste du régiment à Lansecourt.

Le même jour, le deuxième demi-régiment du 20e Dragons - sous le commandement du chef d'escadrons Ruffier d'Epenoux - est chargé d'arrêter, sous un déluge de feu, l'ennemi qui se porte sur Gerbévillers. Au moment où Ruffier d'Epenoux fait la reconnaissance de sa position, un éclat d'obus tue son cheval et le blesse griévement à la jambe par un éclat d'obus. Resté seul en avant et jugeant sa position dangereuse, il refuse que ses hommes viennent lui porter secours. Mais grâce au capitaine de Germigny et le cavalier Bousquet qui ignorent le danger, le chef d'escadrons est ramené parmi les siens. La situation du demi-régiment n'est pas pour autant favorable : quasiment entouré par l'infanterie allemande, Ruffier d'Epenoux, qui est remonté à cheval, fait dégager ses hommes par un étroit couloir pris par le feu ennemi. 18 Dragons perdent la vie ou sont blessés.

C'est par ce genre de faits d'armes que l'action de la 10e DC a permis la victoire défensive de la Lorraine, le plan du général Castelnau ayant été conforme à ses attentes et la VIe armée allemande étant en retraite vers le nord. Le 29 août, la 10e DC est mise au repos à Nancy afin qu'elle puisse recevoir des renforts en hommes, en chevaux et armement de ses dépôts. Quant au 20e Dragons, il est au bivouac à Tomblaine ( faubourg de Nancy ), au bord de la Meurthe.

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Le 9e Lanciers devient le 20e Dragons

La bataille de la Marne