La carte du champ de bataille est
disponible ici.
Récit de monsieur Roger Avignon,
maréchal des logis au 93e GRDI en 1940 et
ancien du 20e Dragons :
Le 23 mai :
Le Ve C.A. allemand attaque sur tout le front,
des Murets à l'est ( partie est des bois de
Sommauthe ) au canal des Ardennes à l'ouest,
pour faire tomber le saillant du massif du
Mont-Dieu.
L'attaque débute à 3 heures par
les tirs de 272 pièces d'artillerie pour
l'ensemble du front. Six bataillons de la 24e I.D
allemande sont en place sur la rive ouest du canal
du pont station de Tannay à l'écluse
de Sauville.
A 4h25, 3 bataillons profitant du brouillard
traversent le canal, submergent le 2e groupe
d'escadrons du 1er Hussards ( 3e et 4e escadrons )
qui a de suite 148 tués, blessés ou
disparus.
A 11 heures, 12 AM du 3e escadron du 6e GRDI
suivies du 4e escadron moto attaquent en direction
de la ferme Nociève et de la cote 276. Huit
AM sont détruites par des antichars. Par
deux fois, le 4e escadron essaie de
déboucher. Tous ses officiers étant
blessés, il se maintient sur la route de
Stonne.
Le 3e escadron du 8e Chasseurs à cheval
s'établit le long du ruisseau des Armoises
aux Petites Armoises. A son aile gauche, le peloton
de l'adjudant-chef Roland,
réquisitionné par le 16e BCP, est
envoyé sur Tannay. Il est entièrement
détruit à la grenade et à la
mitraillette (seul le cavalier Villeret reviendra).
A 12 heures, l'ennemi, empêché de
déboucher sur Tannay par le 16e BCP, occupe
à l'est du village toute la côte 276
sur un front de 2200 m, et au-delà, en
pointe, jusqu'à la ferme Nociève qui
est à 3250 mètres du canal.
Si les troupes des 36e et 16e I.D allemandes qui
ont attaqué à l'est font leur
jonction avec celles de la 24e I.D, qui ne sont
plus qu'à 2500 m, toutes les unités
de la 3e D.I.M combattant dans le massif du
Mont-Dieu sont encerclées.
Le général Gailliard, commandant
la 1ere BC, ordonne une contre-attaque à
H=14, rapportée à H=15, pour
rétablir la situation sur la cote 276. Elle
doit être menée par les 2e et 3e
compagnies du 45e BCC et par le groupe moto
d'Harcourt du 14e GRCA avec les
éléments moto du 93e GRDI.
Relevés de la veille, le groupe
d'Harcourt ( 135 hommes ) et les
éléments moto du 93e GRDI ( 80 hommes
) remontent en ligne.
A 15 heures, les chars du 45e BCC refoulent les
Allemands qui se replient derrière la ligne
-N 77 -Tannay-le Mont-dieu, et permettent aux
cavaliers de réoccuper toute la côte
276. Le bois triangulaire où l'ennemi a
tenté de s'accrocher est rempli de cadavres
du 102 I.R.
Après que 3 officiers aient
été blessés dès le
début de l'attaque, le 14e GRCA n'a plus
d'officiers dans ses escadrons. Le 45e BCC a perdu
5 officiers et 2 gendarmes tués, 11
blessés, 11 chars avariés, 2 chars
détruits sont dans les lignes. Le 16e BCP a
rejeté les Allemands de Tannay et il
réoccupe les lisières nord du
village.
Sur la côte 276, les cavaliers, à
bout d'effectif, étirés sur un front
de 1800 m, ne peuvent aller plus loin. A sa droite,
le 14e GRCA ne peut trouver la liaison avec le 1er
Hussards.
La 3e D.I.M a seulement un couloir d'un peu plus
de 2 km pour alimenter ses 3 régiments
d'infanterie et conduire sa bataille.
A 20h30, le 3e escadron du 8e Chasseurs à
cheval est poussé du ruisseau des Armoises
à la gauche du 14e GRCA qui est au bois
triangulaire. Dans la nuit, le 4e escadron sera
poussé à la droite du 14e GRCA.
Le 24 mai :
A 2 heures, le général Bertin
Boussu, commandant la 3e D.I.M, après examen
avec le général Gailliard, commandant
la 1ere BC, et le colonel Buisson, commandant la 3e
D.C.R, décide une contre-attaque qui sera
montée par le général
Gailliard et qui sera effectuée dans la
matinée du 24 avec l'appui du II/36 R.I pour
réduire les poches de Tannay et rejeter les
Allemands au-delà du canal des Ardennes.
La contre-attaque est fixée à
H=14.
A cette heure là - 2 heures -, le II/36
R.I - capitaine Saubagne - après une marche
de 40 km arrive à Villers devant Dun
où il doit être embarqué par
camions ( embarqué à 4 heures, il
sera débarqué à Germont ).
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Veste de
cavalerie
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De 9 heures à 12 heures, le 16e BCP,
écrasé par le nombre, se bat maison
par maison dans les ruines de Tannay. L'ennemi
borde les lisières sud du village mais ne
peut en déboucher, étant
arrêté par le feu des Chasseurs
repliés dans les fossés de la N.77. A
13 heures, le 16e BCP reçoit l'ordre de
reprendre Tannay en profitant de l'attaque des
chars B.
A 14 heures, à Verrières, au PC du
général Gailliard, la liaison est
prise avec le commandant Préclaire,
commandant le 49e BCC et le capitaine Saubagne qui
a son bataillon arrivé à
Verrières. L'heure H=14 est reportée
à H=18, l'infanterie étant dans
l'impossibilité d'occuper sa base de
départ avant cette dernière heure.
A 16 heures, le II/36 R.I quitte
Verrières dans l'ordre 6e, 7e et 5e
compagnie.
Au PC du général Gailliard, le
commandant Préclaire avec les lieutenants
Dumont, 2e compagnie, et Caravéo, 3e
compagnie, reçoivent les derniers ordres.
Les chars doivent permettre au II/36 RI d'occuper
Pré-Naudin et bois Bon Temps. La compagnie
Carvéo avec une section, prolongera l'action
de la 2e compagnie en direction de Tannay pour
permettre au 16e BCP de réoccuper le
village.
L'ordre d'opération prévoit une
couverture aérienne de H-20 à H+1,
des tirs d'appui d'artillerie et des tirs de
contre-batterie de H à H+1, ces dispositions
ont été précisées au
II/36 RI.
A 16h50, le capitaine Charlois commandant le 2e
escadron moto du 93e GRDI reçoit du PC du
93e GRDI l'ordre suivant :" Vous attaquerez
à 18 heures. Objectif : Pré Naudin.
Mission : rejeter les Allemands au-delà du
canal des Ardennes. Vous serez appuyés par
une section de chars B et une compagnie du 36e RI."
Le 3e peloton Vieuille étant en
réserve entre les Petites Armoises et la
route de Stonne, il ne reste que 47 cavaliers sur
la cote 276 près de la route de Stonne ( 11
tués et 5 blessés ). De leur
position, Tannay est à 700 m à
l'ouest, quant au canal, il est à 2000 m.
Le 3e et 4e escadron du 8e Chasseurs à
cheval n'ont pas d'ordre d'attaque, ils doivent
maintenir leurs positions ainsi que les survivants
du groupe moto d'Harcourt. Le 2e groupe d'escadrons
du 1er Hussards, désorganisé par ses
pertes, n'est pas concerné par cette
attaque. En définitive, des cavaliers en
place sur la cote 276, seuls doivent attaquer les
47 du 93e GRDI.
A 17h15, le commandant Préclaire voyant
que l'infanterie ne pourra être en place
demande que H=18 soit retardée. Le
général Gailliard maintient H=18.
A 17h40, à 3km de la cote 276 - sa base
de départ -, le II/36 RI débouche du
bois de Sy. De suite repéré par
l'avion d'observation allemand, il subit des tirs
d'artillerie.
A 18 heures, sans couverture aérienne et
sans les tirs d'artillerie, l'attaque
démarre. elle aura plusieurs phases et non
une action d'ensemble.
A 18 heures précises, les 47 cavaliers du
93e GRDI attaquent, baïonnettes au canon, sur
la pente face à Tannay aux vues des
observateurs allemands sur la route de Sauville et
sous celles de l'avion d'observation. Un violent
tir de barrage déclenché dans les
seconde qui suivent écrase les cavaliers :
12 tués dont le capitaine Charlois, 20
blessés. cinq cavaliers ( mdl Avignon,
brigadier Fonquernie, cavaliers Merciol, Porte,
Bravy ) qui ont eu la chance de sortir vivants du
tir de barrage tombent, au moment où il
s'arrête à 18h20, nez à nez,
à moins de 30 m avec un bataillon allemand
déployé en ligne au bas de la cote
276 en attente de contre-attaque.
Dix chars du 49e BCC attaquent, PD 3e compagnie
bois triangulaire, PD 2e compagnie à
Chautreune. Ils sont pilonnés par
l'artillerie et pris à partie par des
antichars ( dont des 47 français ) en
position dans la bordure de la N77.
A 18h24, 2 chars débouchent de la
position de départ du 93e GRDI. Celui de
droite avance de 200 m environ, celui de gauche
reste en haut de la pente près de la route
de Stonne. A ce moment là, des Allemands qui
avaient progressé de chaque
côté du barrage, en même temps
qu'il avait lieu, ne sont pas loin d'atteindre le
sommet de la pente. A 18h35, les chars font
demi-tour.
Pistolet
automatique modèle 1935
Une quarantaine de Chasseurs du 16e BCP partant
de la route de Stonne s'élancent sur Tannay.
Leur débouché déclenche un tir
de barrage, une centaine de mètres sont
gagnés mais, devant leurs pertes, les
Chasseurs reviennent sur leur point de
départ.
Vers 18 heures, la 6e compagnie - capitaine
Vailiere du II/36 R.I - franchit par petits paquets
le carrefour 229 de la route de Stonne.
Derrière, à 18h30, la 7e compagnie -
capitaine Miray - dévale vers la ferme
Nociève, elle est à 750 m de sa base
de départ. La 5e compagnie - capitaine
Lamachère - est derrière en soutien.
A 19 heures, les 6e et 7e compagnies sont sur la
cote 276. Un tir continu de harcèlement de
l'artillerie de 12 à 15 obus s'abat
tantôt sur une section, tantôt sur une
autre. La 7e compagnie au-dessus du bois
triangulaire, au sommet de la pente qui descend
vers la N 77, fait face à 500 m à une
ligne de fantassins ennemis qui avancent, les
balles claquent. La 6e compagnie serait aux parages
de la ferme le Moulinot. Désorganisés
par les pertes qui vont croissantes, les fantassins
ne peuvent aller plus loin, la 7e compagnie a perdu
son capitaine qui est blessé.
A 19h30 une fusée blanche
s'élève du côté
allemand, les tirs d'artillerie cessent, les
fantassins assaillants disparaissent aux vues.
La 7e compagnie a 4 sergents et 8 soldats
tués, 1 disparu, 25 blessés dont le
sous-lieutenant Richard qui a le bras droit
emporté. La 6e compagnie a 6 tués, 12
blessés, la 5e compagnie a 1 tué, 17
blessés.
Sur sa position, le 8e Chasseurs à cheval
a 14 tués et 34 blessés.
Lorsque le 49e BCC se replie au bois de Sy, il a
perdu 3 chars : Chablis
déchenillé à la corde Nord du
bois triangulaire, Mercurey à 300 m
de la ferme Mon Idée, son pilote, le sergent
Gaudot a été tué,
Irouléguy contre la ferme la
Tuilerie. Sept autres chars ont des avaries. Au
soir, le lieutenant Carvéo prend le
commandement d'une compagnie de marche
formée avec 4 chars en état de marche
( quelques jours après, elle sera à 7
chars : Banyuls, Bouzy, Côtes du
Rhône, Frontignan, Maury, Riquewihr,
Sylvaner).
A la fin de la journée, l'ennemi occupe
les ruines de Tannay (sur 90 maisons, 2 seulement
sont intactes, 32 sont très gravement
endommagées, toutes les autres sont
rasées ainsi que l'église). Il est
bloqué à 500 m au sud par les
survivants du 16e BCP, en position dans le
fossé de la route de Stonne, avec l'appui du
groupe de mitrailleuse Blachon du 93e GRDI. Les
deux adversaires sont face à face dans les
fossés de la route. Il n'occupe pas la ligne
de crête de la cote 276, de la route de
Stonne à la ferme le Moulinot. Il n'a pu
déboucher du vide laissé par
l'anéantissement des cavaliers du 93e GRDI
ayant été cloué par la
pièce de 75 d'aile du 1/42 R.A tirant
à obus à balles
débouchés à l'ouest du bois de
la Fontaine Uchon.
A 22 heures, l'ordre N°26, 21h15 du
XXIe C.A ordonnant l'abandon du massif du Mont-Dieu
arrive aux PC 3e DIM et 3e DCR.
Vers 23h30, l'ordre de repli de la 3e DIM arrive
aux PC des régiments. Il doit s'effectuer
à réception de l'ordre, être
couvert sur la cote 276 par une croûte de
cavaliers qui ne se replieront qu'en dernier lieu.
Le repli a un couloir de 2 km environ avec axe
principal la ferme Correrie, cote 222, Sy, bois
deSy.
La 35e DI et la 6e DI se mettent en place pour
tenir la ligne Canal des Ardennes- les Petites
Armoises - lisière nord du bois de Sy, 253 -
Oches - ferme d'Isly. Elle tiendra jusqu'au 9 juin.
Du sommet de la cote 276 à la N77, sur la
pente, 67 corps sont restés sur le terrain.
Les cavaliers du 93e GRDI, comme ceux des autres
GR, avaient reçu la formation pour remplir
les diverses mission demandées à un
Groupe de Reconnaissance avec ou sans AM, ainsi que
celle du combat à pied. Quant à une
attaque à la baïonnette appuyée
par des chars B, je n'ai pas encore compris et
reste persuadé que le résultat aurait
pu être tout autre s'il s'était agi de
l'inverse, quoique les chars avaient l'ordre de ne
pas dépasser la N77, terrain
marécageux au-delà.
Roger Avignon
( 93e GRDI - 20e Dragons )
Note : un récit beaucoup plus
détaillé est diponible en cliquant
ici.
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